La guerre d’Ukraine a bouleversé le fragile équilibre « Europe – Russie – Asie ». Le point commun entre l’Europe et l’Asie réside dans leur dépendance aux énergies importées, et leur différence est leur vision du futur. L’Europe, une population vieillissante à niveau de vie élevé, gère une rente de situation, alors que la Chine et l’Inde, 6 fois plus peuplées et 6 fois moins riches par habitant, ont une frénésie de consommation, donc de croissance. La Russie, à cheval entre ces deux géants, a les ressources énergétiques de la Sibérie et ses vastes espaces à haut potentiel agricole. Quand les portes de l’Occident se ferment à la Russie, celles de l’Asie lui sont grandes ouvertes. Longtemps, elle se crut européenne… depuis Pierre le Grand. Les oukases européens l’obligent à penser autrement, d’où la vente de son énergie à la Chine et l’Inde, les premiers consommateurs mondiaux. Yvan le Terrible (cf. encadré 1) avait raison : l’avenir de la Moscovie était au Nord et à l’Est, l’ennemi à l’Ouest ! Cette révolution des échanges énergétiques est rapide, comme le confirment les échanges de 2022. On a lâché la bride du cheval du changement, jusqu’où ira-t-il ? C’est dans ce sens que la guerre d’Ukraine est une chance pour l’Asie (危机*).
Ukraine
Grappillages Asie21 n° 166/2022-11
Asie – Canada L’Asie en nombre
BRICS Nouvelle arme de Moscou ?
Chine – Afrique
- Angola – États-Unis : rapprochement
- Cameroun – États-Unis : mélange des genres
Chine : Pause pour la Route polaire de la soie
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La guerre irréfléchie livrée à l’Ukraine par la Russie pour éloigner le danger de la contagion démocratique pourrait bien avoir l’effet inverse de ce que prévoient maintes analyses. À partir de la panne de la route arctique, cet article esquisse une évolution à moyen terme (l’après Poutine et Xi Jinping) où, au lieu de tomber dans les bras de la République populaire de Chine, la Fédération de Russie préférera resserrer ses liens avec l’Union européenne.
The reckless war waged on Ukraine by Russia to ward off the danger of democratic contagion could well have the opposite effect of what many analyzes foresee. Starting from the breakdown of the Arctic route, this article outlines a medium-term evolution (after Putin and Xi Jinping) where, instead of falling into the arms of the People’s Republic of China, the Russian Federation will prefer to tighten its links with the European Union.
Eurasie : Nordstream explosa – La commedia è finita1. Canossa à la Maison Blanche
Nil sapientiæ odiosius acumine nimio1 Sénèque
La puissance d’une nation se mesure à l’énergie qu’elle transforme en richesse. L’Europe de Lisbonne à Vladivostok est morte avec la destruction de Nord Stream, le cordon ombilical la liant à la Sibérie. Qui est coupable de ces forfaits, sinon celui qui en retire les bénéfices évidents ? Qui l’avait promis et clamé urbi et orbi le 7 février 2022, tel Dupin dans la lettre volée2 ? L’Allemagne, leader du navire « Europe », a été rappelée à l’ordre par les États-Unis. Nous assistons à un grand schisme politique semblable au Grand Schisme religieux de 1054, avec un chancelier allemand admonesté par Biden comme l’empereur germanique le fut par Grégoire VII, la Maison Blanche ou le nouveau Canossa. Le chancelier est allé seul en Chine chercher une alternative industrielle à la perte des réserves énergétiques russes sacrifiées sur l’autel de la servitude. Efforts vains. Poutine, au forum de Valdaï3, prend acte et souhaite la fin du monde unipolaire. L’Europe se trouve face une Asie conquérante dont elle avait longtemps contenu l’expansion. La Russie, le cul entre deux chaises, a choisi le siège asiatique, rejetant l’Europe à l’extrémité occidentale …une partie naturelle de la Grande Eurasie. Strapontin ou siège éjectable ?
Le Monde et la terre : De nourricière à financière, l’étrange destin de Pacha Mama
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La terre est un sujet de fantasme où se mêlent des facteurs historiques, économiques et politiques. De bien invendable durant des millénaires car essence même des peuples qui l’occupaient, elle est devenue, avec le libéralisme économique occidental, un vulgaire bien marchand. L’espace naturel, avec la crise financière et le dérèglement climatique, ne peut pas être géré selon les lois financières en cours. Le bruit a couru sur le Net que les États-Unis feraient la guerre en Ukraine pour protéger les intérêts de Cargill, Dupont et Monsanto qui y produiraient des céréales, alors que la production agricole a la nationalité de son pays d’origine et non de son propriétaire. Manipuler les peuples grâce aux peurs entretenues par les fausses nouvelles, n’est pas nouveau. L’Internet en a accru l’efficacité. Reste que la terre est un excellent thermomètre pour connaître l’économie d’une nation. De plus, il faut bien manger et vivre sur une planète où la permanence de l’homme n’est plus garantie.
Mongolie : Brèves leçons de la guerre en Ukraine
Les pays choisissent leurs amis mais pas leurs voisins. La guerre a rappelé aux Mongols qu’ils n’ont plus d’autre choix que de se préparer à toutes les éventualités, car aucun autre pays ne viendra les aider (Tuvshinzaya Gantulga1, The Diplomat, 09-08-2022).
Countries choose their friends but not their neighbours. The war has reminded the Mongols that they have no choice but to prepare for all eventualities, because no other country will come to help them (Tuvshinzaya Gantulga*, The Diplomat, 09-08-2022).
Grappillages Asie21 n° 163/2022-07&08
BRICS – Argentine Des BRICS au BRICSA ?
Chine Fujian
Chine – Afrique
- Fouet
- Honni soit…
- Angola : Luanda nationalise le diamant
Japon – Ukraine : Le syndrome ukrainien
Les Japonais craignent que l’invasion russe en Ukraine n’incite les Chinois à procéder à la conquête de Taïwan par la force et que, par effet d’entraînement, d’en subir les conséquences collatérales. Au nord, elles pourraient même se traduire par des confrontations armées, à divers degrés, avec les forces russes. C’est pourquoi le gouvernement Kishida* est activement à la recherche d’appuis extérieurs et planifie l’augmentation de son budget de la défense.
Japon – Russie : Dégradation des rapports entre le Japon et la Russie
Le ministère des Affaires étrangères russe a annoncé le 21 mars 2022 qu’il arrêtait les pourparlers avec le Japon en vue de la conclusion d’un traité de paix en raison de l’impossibilité de signer un document avec un pays qui manifeste ouvertement des positions inamicales à son égard. Cette déclaration faisait suite à la décision du Premier ministre japonais Fumio Kishida de s’associer aux nouvelles sanctions prises contre la Russie le 16 mars à la réunion du G7. Cette mesure met fin au statut de nation la plus favorisée, ce qui entraîne l’augmentation des droits de douane sur les marchandises russes importées. Déjà le Japon avait restreint l’exportation vers la Russie de semi-conducteurs et de produits de haute technologie. M. Kishida a fermement condamné l’intervention russe en Ukraine et offert l’asile aux réfugiés ukrainiens qui arriveraient au Japon. Des cours de langue japonaise pourraient leur être dispensés.
Eurasie : Ce n’est que le début Это только начало
La crise couve en Europe avec le combat entre les hausses des coûts des produits et services, liés à ceux de l’énergie, et les ajustements des salaires, l’inflation n’est pas le remède miracle.