La Chine au centre des enjeux hydrauliques asiatiques

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Cet article du général Alain Lamballe (2S) est paru dans la revue Géopolitique d’octobre 2009 [dirigée à l’époque par Marie-France Garaud, revue qui a ensuite pris le nom de Nouvelle revue Géopolitique  avant de disparaître] mais il conserve toute son actualité. Aussi, nous le publions ici. À noter que lConvention des Nations unies sur les droits relatifs aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation, adoptée en 1997, mentionnée dans l’article, est entrée en vigueur en 2014, le nombre minimum de ratifications nécessaire ayant été atteint à cette date.

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La Chine est magnifiquement dotée par la géographie car elle possède le plus grand château d’eau d’Asie, le Tibet bordé au Sud par l’Himalaya, le Karakoram et l’Hindukush, et plusieurs autres régions pourvoyeuses de moindre importance comme les Monts Célestes, les Monts Qilian et les Monts Altaï. Sa position en amont l’avantage par rapport à tous les pays qui l’entourent mais l’expose aussi aux critiques de ceux-ci. Partie prenante à de nombreux différends relatifs aux fleuves et rivières internationaux, elle se trouve au centre de la problématique de l’eau en Asie continentale et n’en mérite que mieux son appellation d’Empire du milieu[1].

Cet article est consacré aux relations de la Chine avec ses voisins dans le domaine de l’eau. Il mentionnera d’abord les particularités de ce pays avant d’aborder les problèmes région par région, dans l’ordre inverse des aiguilles d’un montre (Asie du Nord-Est, Asie du Nord, Asie centrale, Asie du Sud et Asie du Sud-Est) qui correspond à une emprise chinoise grandissante susceptible d’engendrer des tensions. En dernier lieu, il esquissera les grands traits de la politique suivie par la Chine tels qu’ils se dégagent des analyses régionales et de sa diplomatie mondiale. 

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Kazakhstan : Contestation et manifestations antichinoises

Depuis l’été 2019, le Kazakhstan est le théâtre d’une campagne antichinoise inspirée par la peur du puissant voisin jugé encombrant et agressif. Il est reproché aux autorités leur laxisme vis-à-vis des initiatives de Pékin et en particulier des projets d’installation ou de transfert dans le pays de 55 entreprises chinoises. Ce mouvement d’hostilité met en cause la politique de rapprochement avec la Chine du président Nazarbaïev et de son successeur et homme-lige Kasym-Jomart Tokaïev.

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Asie centrale : L’eau de la discorde

L’Asie centrale est caractérisée par son aridité, comme la mer d’Aral en donne l’image. Les ressources en eau, nécessaires pour la vie de près de 70 millions d’habitants aujourd’hui, y seront très critiques en 2050. La rétention de l’eau par les pays de l’amont et l’augmentation des besoins engendrent une pénurie croissante et, avec elle, une situation potentiellement conflictuelle. La ressource en eau provient des glaciers des massifs montagneux adossés à la Chine. Ils donnent ainsi naissance à l’Amou Darya, au Syr Darya, comme à l’Irtych et à l’Ily. De multiples facteurs, parmi lesquels la gestion de l’eau « aux caractéristiques chinoises » font de leur eau une denrée convoitée.

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