Taïwan – Chine – États-Unis Acte V scène 2 : Shen Po-yang, l’homme aux mille coiffures, un bluebird « Wanted » en Chine… « Celui qui a fait le nœud doit le défaire. » Han Kuo-yu

Shen Po-yang, le jeune député DPP* de 43 ans, non élu mais désigné2 premier député sur la liste DPP en 2024 – comprendre : mis en avant par le président Lai –, a retenu l’attention de Pékin et s’est fait remarquer lors des manifestations des Bluebirds à Taipei. Il est inscrit en Chine sur la « liste des partisans inconditionnels de l’indépendance de Taïwan ». Le PCC* qui l’accuse de sécession a annoncé l’ouverture d’une enquête par le Bureau de la sécurité publique, menaçant de recourir à Interpol pour son arrestation à l’échelle internationale.

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Taïwan : Faire face aux changements sans précédent depuis un siècle…  

La politique américaine à l’égard de Taïwan a évolué : avant 2024, elle consistait à « résister à la Chine et protéger Taïwan » (抗中保台). Mais elle s’est transformée en une « résistance modérée à la Chine sans protection de Taïwan »  (軟抗中、不保台), analyse Su Chi, père du « Consensus de 1992 ». Selon lui, l’hypothèse selon laquelle les États-Unis interviendraient inévitablement pour défendre Taïwan et sur laquelle l’île s’est appuyée pendant un siècle1, est aujourd’hui révolue. Leur puissance militaire dans le Pacifique occidental est en déclin. Ils ne disposent plus de capacités suffisantes pour assurer la protection de Taïwan et leur détermination s’est ramollie. Il devient donc crucial pour Taïwan d’adopter une nouvelle stratégie afin de prendre en main son propre destin.

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Une histoire de Taïwan au prisme de mémoires plurielles (1895–2025)

Samia Ferhat et Emmanuel Lincot dans une récente note de l’IRIS exploraient la question des mémoires entre la Chine et Taïwan ainsi qu’au sein de la société Taïwanaise. Cet article propose de revenir sur ces dynamiques de construction des mémoires plurielles à Taïwan. Il est issu d’observations réalisées à Taipei entre novembre 2024 et juin 2025.

Deux grandes tendances sont en conflit. La première s’appuie sur le récit d’une Chine nationaliste. La seconde vise à construire un récit taïwanais propre, nourri par d’autres références.

Par ailleurs, le sentiment d’appartenance ne doit pas éclipser les préoccupations internes qui traversent la société Taïwanaise : stabilité économique, enjeux sociaux et démographiques, volonté d’ouverture sur le monde, etc.

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Taïwan : Liberté de la presse ?

Le référendum révocatoire1, organisé par le DPP, a échoué, portant atteinte au prestige du gouvernement Lai. Le journaliste britannique Ed Moon est rentré en Angleterre en juillet 2025 pour des questions de sécurité. Début septembre, il a publié un article « Mon grand rappel de Taïwan » dans lequel il expose les dessous de ce  référendum.

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Taïwan – Chine – États-Unis : Quel lien entre les négociations américano-taïwanaises et américano-européennes ?

Les États-Unis pourraient imposer un nouveau tarif douanier à Taïwan, en plus des droits de douane de 15 %, supérieurs à ceux du Japon et de la Corée du Sud. Ils pourraient également augmenter leurs investissements aux États-Unis de 400 milliards de dollars, portant ainsi gravement atteinte à l’industrie et à l’économie taïwanaises. Pour Pékin, le DPP a vendu Taïwan sans aucun résultat.

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Taïwan Acte IV scène 3 : le vent a tourné. Grand référendum révocatoire : grand échec pour le DPP,  grande victoire pour le KMT. 大罷免, 大失敗, 大成功

En janvier 2024, le président Lai Ching-te* a été mal élu avec seulement 40 % des voix et sans majorité au Yuan législatif 1. Le gouvernement ne s’est pas organisé en coalition. Les députés DPP* ont rejeté avec force – même physique – les projets de lois proposés par le KMT* au Parlement, notamment ceux demandant des comptes au gouvernement DPP : ils auraient été adoptés puisque le gouvernement ne dispose plus de la majorité parlementaire. Sauf en éliminant son opposition. Le président Lai a décidé d’utiliser le référendum révocatoire (le grand rappel) pour destituer les élus de l’opposition (députés et élus locaux). Si cette procédure existe dans la constitution, elle est considérée par une grande partie de la population taïwanaise comme un acte de dictature. La tentative du gouvernement de se débarasser de son opposition a échoué. Les électeurs ont fait leur choix. Le DPP a été sanctionné : aucun des députés visés n’a été révoqué. Le président Lai en sort affaibli.

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Taïwan – États-Unis – Japon : Réunion trilatérale étoilée pour un jeu de guerre 眾星雲集的台海兵推

Taiwan TTX wargame

Les 10 et 11 juin 2025, neuf généraux et amiraux en retraite (ER) de Taïwan, des États-Unis et du Japon, ont participé à un jeu de guerre – du plus haut niveau à ce jour – imaginant l’invasion de Taïwan par l’APL en 2030. Chaque pays devait agir pour ses propres intérêts.

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Taïwan – États-Unis : Augmentation de la suspicion des Taïwanais à l’égard des États-Unis

Selon un sondage réalisé par Brookings Institute*, publié le 1er mai 2025,  la confiance des Taïwanais envers les États-Unis, avec le retour de Trump au pouvoir, est en baisse, atteignant même un nouveau seuil. En fait, cette confiance diminue d’année en année. La guerre en Ukraine a particulièrement renforcé le pessimisme des Taïwanais. Mais le gouvernement DPP continuera de coopérer avec la ligne politique américaine.

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Acte III scène 4 Taïwan – Taïwan : La grenade ou la colombe ? Assassinat de la démocratie

Sur les bandeaux sont écrits :

  • « Contre le communisme vert » (反綠共)
  • « Combattons la dictature » (戰獨裁)

***

Lors d’un rassemblement, organisé par le Kuomintang, 250 000 personnes se sont mobilisées pour s’opposer au « Parti communiste vert » et « combattre la dictature » du gouvernement actuel. Han Kuo-yu* dénonce un président de la République, Lai Ching-Te, qui propose « à ceux qui s’inquiètent du recul de la démocratie à Taïwan de se rendre sur la place Tian’anmen à Pékin pour protester ».

               scene de foule à Taïwan

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Taïwan – Chine : Le rouge est dans le vert. Espionnage chinois au coeur des structures politiques taïwanaises

Dans une certaine ambiance de chaos politique à Taïwan (pas de majorité au Parlement et procédure en cours de référendum révocatoire pour les députés du KMT*1), les Verts* accusent la plupart des jeunes députés du KMT* d’être des espions à la solde des communistes chinois. Ainsi, ils déclenchent une investigation générale. C’est alors qu’ils découvrent qu’ils sont eux-mêmes infiltrés au plus haut niveau… Affaire embarrassante.

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Taïwan – États-Unis : Déplacement vers l’est de la chaîne d’approvisionnement des puces ?

Le mythe du bouclier de silicium s’évapore-t-il ? La mondialisation de TSMC s’accélère. À l’ère de l’IA, la demande de puces haut de gamme ne fera qu’augmenter. L’administration Trump 2.0 souhaite rapatrier la production taïwanaise aux États-Unis pour des raisons de sécurité nationale.  L’investissement massif de TSMC sur le sol américain va entraîner une nouvelle vague de déplacement de la chaîne d’approvisionnement avec ses industries vers l’est. Taïwan avait une position irremplaçable dans le jeu sino-américain : sa valeur stratégique devrait donc diminuer. L’engagement des États-Unis en faveur de la sécurité de Taïwan pourrait s’affaiblir. Ce qui prouverait que l’aide sécuritaire des États-Unis envers Taïwan n’a jamais eu pour leitmotiv la défense de la démocratie mais bien celle de leurs intérêts propres.

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Taïwan – Japon – Corée du Sud – États-Unis : Acte II scène 4. Pacifique occidental : flux des forces chinoises, reflux des forces américaines. Première chaîne d’îles brisée ? Douves chinoises ?

La première chaîne d’îles, frontière de la projection de la puissance militaire américaine, montre des signes de fissuration et perd progressivement l’effet dissuasif du blocus. Le Corps des Marines américain stationné à Okinawa a commencé à se replier vers Guam et Hawaï. Ce projet de redéploiement des troupes n’est pas nouveau mais a tardé à se faire. Un accord conclu en 2006 par les gouvernements japonais et américain visait à réduire la charge d’Okinawa liée à la présence de bases militaires américaines. L’achèvement du transfert, prévu pour 2014, a été continuellement reporté. Il s’agit, aujourd’hui, de relocaliser environ 9 000Marines et leurs familles à Guam et à Hawaï.

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Taïwan – Chine – États-Unis : Acte II scène 3, Un exercice militaire sans nom1. Point de rupture stratégique ?

L’APL n’a pas officiellement annoncé d’« exercices militaires » dans le détroit de Taïwan mais y a déployé des avions et des navires militaires. Selon Taipei, le nombre est « étonnant » et l’ampleur de l’exercice suffisante pour « empêcher d’autres pays d’intervenir ». Wellington Koo* a déclaré qu’il surveillerait de près la possibilité de l’APL* de « passer de l’entraînement au combat ». Selon le Global Times*, d’après des images satellite, il y a eu une « confrontation intense  avec au total 10 navires de guerre dans le détroit» . En réalité, 5 destroyers 052D et frégates 054A de la marine chinoise ont fait face à 5 navires de guerre taïwanais mais seulement en observation et à distance.

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Taïwan – Corée du Sud : Acte II scène 2. Loi martiale en Corée du Sud soutenue par le DPP, parti du président Lai

民進黨挺戒嚴

Le groupe du DPP au Yuan législatif a soutenu l’éphémère loi martiale en Corée du Sud, décrétée par le président coréen Yoon Seok-yu, suscitant de vives critiques de la part des partis d’opposition à Taïwan et en Corée.

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Taïwan – Chine – États-Unis : Jake Sullivan à Pékin, Tim Walz candidat à la vice-présidente : double changement dans les relations sino-américaines ?

Jake Sullivan s’est rendu à Pékin avec une importante délégation de spécialistes de la Chine afin d’essayer de restaurer un dialogue stratégique dans les meilleures conditions possibles de compréhension. Il a rencontré les principaux conseillers militaires puis le président chinois Xi Jinping. Parallèlement, la candidate à la présidentielle, Kamala Harris, a choisi comme colistier Tim Walz, sinisant et connaissant bien la Chine. Le changement serait-il possible dans la relation sino-américaine ?

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Taïwan – États-Unis  Money, money, money. Le tonneau des Danaïdes

錢!錢!錢! 貪得無厭

Alors que Taïwan a acheté pour des milliards de dollars d’équipements militaires à l’armée américaine pour renforcer sa défense, D. Trump déclare que Taipei devrait payer pour l’aide américaine.

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Taïwan : Acte 1 scène 3 Le mouvement Bluebird… pour la démocratie ou l’oligarchie ?

Le mouvement Bluebird (青鳥行動) a été créé par les partisans du DPP, à partir du 17 mai 2024, au nom de la démocratie, pour contrer le vote des opposants – KMT* et TPP* – devenus ensemble majoritaires après les élections législatives de janvier 2024 et alors que le DPP régnait en maître sous la présidence de Madame Tsai Ing-wen, sans jamais accepter de rendre de comptes.

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Taïwan : Le président William Lai chute dans les sondages

Le 18 juin 2024, près d’un mois après le début du mandat du nouveau président William Lai, Taiwan Public Opinion Foundation publie un sondage intitulé « Prestige présidentiel » : le pourcentage de ceux qui soutenaient William Lai au moment des élections a chuté de 10 points, ce qui équivaut à une perte de 2 millions de partisans.

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Taïwan – Chine – États-Unis : La Chine pourrait prendre le contrôle de Taïwan sans combat et sans contre-attaque

Des experts de groupes de réflexion américains AEI* et ISW* ont averti que la Chine pourrait « prendre le contrôle » de Taïwan sans recourir à la guerre en procédant en quatre étapes avant les élections taïwanaises de 2028 en utilisant la « stratégie de coercition hybride » qui combine forte et faible intensités. Un expert taïwanais analyse le handicap des États-Unis face à cette situation.

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