Par le général (2s) Daniel Schaeffer, membre du groupe Asie21-Futuribles, ancien attaché de défense en Thaïlande, Vietnam et Chine
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Plus que le président Orban, dont l’initiative personnelle en faveur de négociations pour un retour à la paix en Ukraine semble s’être arrêtée à ses cinq rencontres internationales de la fin du mois de juillet 20241, les Chinois s’investissent avec résolution dans le même sens depuis le mois de février 2023.
Le plan chinois de paix en douze points
Le 24 février de cette année-là, Pékin avait publié sur le site internet de son ministère des Affaires étrangères une déclaration en douze points relatifs à « la position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne »2. Elle était immédiatement vilipendée par les États-Unis, l’Otan et l’Union européenne, soit tous les pays désireux de voir la guerre se poursuivre en Ukraine, alors qu’à ce moment-là ces derniers savaient pertinemment que, même en recevant plus de moyens, Kiev n’aurait pas la capacité de gagner, pas plus d’ailleurs que Moscou. Aujourd’hui, il n’est pas non plus certain que, malgré l’offensive surprise ukrainienne en territoire russe dans l’oblast de Koursk lancée depuis le 6 août, le rapport de forces tourne à l’avantage de Kiev puisque ailleurs, dans le Donetsk, la Russie réussit petit à petit à grignoter du territoire contre les défenseurs adverses. Mais, dans la perspective d’hypothétiques pourparlers en vue du rétablissement de la paix, l’occupation tactique d’une petite portion de territoire russe par l’Ukraine lui permet de rétablir un semblant de parité politique avec la Russie. Ce que Poutine a parfaitement subodoré et l’a amené à annoncer que, dans ces conditions, il n’accepterait pas d’entrer en négociations.