Australie – Chine – États-Unis : Le paradoxe du statu quo australien

En 2012, l’ancienne Première ministre travailliste (ALP*) Julia Gillard (2010-2013) embrassait autant son « siècle asiatique1 » et le « boom » des échanges commerciaux sino-australiens, qu’elle n’accueillait sur les côtes septentrionales australiennes quelques 2 500 soldats américains ainsi que le président américain Barack Obama (2009-2017) qui venait lancer son Pivot to Asia* depuis Canberra. Son successeur travailliste, Anthony Albanese, cherche désormais autant, après le gel diplomatique sino-australien des dernières années (LNP*), à apaiser les relations avec la Chine2 qu’à acquérir malgré les obstacles3 des SNA* américains et/ou britanniques dans le cadre de l’Aukus*. Si la Chine peut certes avoir changé, l’acquisition de submersibles anglo-saxons ne risque peut-être pas de faciliter la détente souhaitée. Quoique.

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Pacifique  AUKUS : malaise en Océanie

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La signature du pacte AUKUS* n’a pas manqué de faire réagir dans le Pacifique. Passée la surprise de cette annonce, les États insulaires de la région ont commencé à faire part de leurs inquiétudes liées à ce nouveau partenariat de sécurité et surtout à l’acquisition par l’Australie de SNA*. Compte tenu de sa position stratégique dans une éventuelle confrontation entre les deux grandes puissances, l’Océanie peut difficilement faire entendre sa voix et s’attend à de fortes pressions, si ce n’est à être placée devant le fait accompli. Une alliance régionale pourrait-elle desserrer l’étau qui va sans doute l’étrangler ?

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Australie : Nucléaire, au risque de tout perdre

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En engageant l’Australie dans le « schéma chinois » des États-Unis, le Premier ministre Scott Morrison vient de mettre son pays à mal. Les sous-marins nucléaires anglo-américains dont l’Australie doit être dotée ne seront pas en ligne avant dix à quinze ans, s’ils sont effectivement construits, ce dont on peut douter. En attendant l’Australie reste seule et nue soumise aux sanctions chinoises : elle perd ce marché et ses échanges extérieurs sont désorganisés ; le pays est ouvertement menacé par la Chine de frappes conventionnelles et à terme nucléaires. Car voici, non sans raisons l’Australie dénoncée comme une puissance nucléaire virtuelle. Cela, en échange d’une protection illusoire car l’Australie ne sera pas défendue en cas de crise. Au total, une mauvaise affaire et une grave crise politique prévisible en Australie.

By committing Australia to the « Chinese scheme » of the United States, Prime Minister Scott Morrison has just undermined his own country. The Anglo-American nuclear submarines, which Australia is to be equipped with, will not be operational for ten to fifteen years, if they are built, which is doubtful. In the meantime, Australia remains alone and nude, subject to Chinese sanctions: it is losing this market and its foreign trade is disorganized; the country is openly threatened by China with conventional and eventually nuclear strikes. For here, not without reason, Australia is denounced as a virtual nuclear power. And this in exchange of an illusory protection, because Australia will not be defended in case of crisis. All in all, a bad deal and in the long run, a serious political crisis predictable in Australia.

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Canberra : États-Unis (avec ou sans ?)/Chine (pour ou contre ?)

Deux éminents spécialistes australiens de stratégie ont engagé un débat à propos de la politique de défense de l’Australie : est-il imprudent (ou nécessaire) de compter sur les États-Unis pour les décennies à venir ? Le premier, Hugh White, vient de publier chez La Trobe University Press, le 2 juillet 2019, How to Defend Australia, un ouvrage qu’il a présenté ce même jour dans la revue The Strategist (ASPI, Australian Strategist Policy Institute). Deux jours après, et dans la même revue, Michael Shoebridge lui répond par un article intitulé sans ambiguïté Hugh White’s plan for defending Australia simply isn’t viable.

Ce débat ne devrait pas laisser les Français indifférents, dans la mesure où notre pays est partie prenante dans la géostratégie de l’Indo-Pacifique et où l’Australie a signé le 19 février 2019, un contrat de 50 milliards de dollars pour l’achat de 12 sous-marins de la classe Suffren du programme Barracuda de Naval Group, à fabriquer en Australie, pour remplacer 6 Collins d’ancienne génération. Selon Scott Morrison, le Premier ministre australien, il s’agit là du « plus important investissement consenti en matière de défense en temps de paix par l’Australie ». Le premier Barracuda devrait être mis en service en 2030. C’est dire si la réflexion prospective relative à un théâtre stratégique peu familier à la plupart de nos compatriotes est nécessaire.

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