Birmanie – Chine : Un corridor économique semé d’embûches

Les deux pays voisins que sont la Birmanie et la Chine ont des liens très anciens et des populations frontalières cousines germaines. Les sanctions économiques appliquées à l’encontre du gouvernement de la junte militaire après l’invalidation des élections de 1990 remportées par la Ligue nationale pour la démocratie ont, par contrecoup, ouvert largement la porte à l’influence et aux investissements chinois sans s’inféoder pour autant à Pékin. Des liens économiques forts ont été tissés entre la Birmanie et les provinces du Yunnan et du Sichuan. Le retour à la démocratie en 2015 n’a été qu’un bref moment d’ouverture avant que la répression des Rohingyas, fermant le pays à nouveau, ne redonne la main à Pékin, bien décidé à arrimer son voisin avec un corridor économique. Mais la route va être longue.

The two neighbouring countries of Burma and China have very old ties and close border populations. The economic sanctions imposed on the government of the military junta after the invalidation of the 1990 elections won by the National League for Democracy have, in turn, largely opened the door to Chinese influence and investment without to be able to infer in Beijing. Strong economic ties have been forged between Burma and the provinces of Yunnan and Sichuan. The return to democracy in 2015 was only a brief moment of opening before the Rohingya crackdown, closing the country, give again a hand to Beijing, determined to lash up its neighbour with an economic corridor. But the road will be long …

FAITS

En 2018, la Birmanie s’est engagée dans le projet des nouvelles Routes de la soie. Un protocole d’accord en 15 points relatif à un corridor économique fonde la collaboration sino-birmane dans quasiment tous les secteurs d’activité. Le 6 décembre le comité de pilotage du CMEC s’installe sous la présidence d’Aung San Suu Kyi. La démarche est restée secrète pour prévenir les manifestations antichinoises.

Le CMEC comprend :

  • Un couloir physique d’infrastructures reliant le Yunnan à la Birmanie : une ligne de chemin de fer à grande vitesse de 1 700 km entre Kumming et le port de Kyaukpyu s’ajoutant aux oléoduc et gazoduc en service depuis 2013 et 2017. Terminé, il constituera à partir de Mandalay une « bretelle » du BCIM.
  • Un « corridor conceptuel », doté de 2 milliards de dollars, destiné à renforcer l’intégration économique (zones économiques spéciales – cf. encadré -, aménagement urbain et agricole, diverses coopérations ou mesures – prévention des catastrophes, santé publique, quotas commerciaux, allégements fiscaux, etc –).
  • Le budget global nécessaire aux projets relevant du CMEC s’élèverait à plus de 100 milliards de dollars, dont 2 pour les 20 projets prioritaires. NB. Selon la Direction de l’investissement et de la gestion des entreprises, entre 1988 et mai 2018, la Chine a investi 20 milliards de dollars en Birmanie. […]

 Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°124 janvier 2019

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1 réflexion au sujet de « Birmanie – Chine : Un corridor économique semé d’embûches »

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