Malaisie : les jeux sont faits 

Le 9 mai 2018, des élections générales se sont tenues en Malaisie et en dépit de manipulations, de menaces de chaos, de peurs attisées, les Malaisiens ont fait le grand saut et mis un terme à six décennies de pouvoir de la coalition Barisan Nasional (BS) qui dirigeait le pays depuis l’indépendance (1957). Troisième économie d’Asie du Sud-Est, la Malaisie a fait preuve d’audace et les citoyens réclament l’établissement d’un État de droit garantissant une meilleure égalité civile, juridique et politique. Pour autant, est-ce l’aube d’une nouvelle démocratie ?

FAITS

Le 6 avril 2018, le Premier ministre malaisien, Najib Razak, annonce la dissolution du Parlement, première étape en vue d’élections législatives qui se tiendront le 9 mai 2018. . Une fois la dissolution effective, la commission électorale a annoncé la date du scrutin législatif. La coalition au pouvoir vacille, le Premier ministre étant éclaboussé par un scandale financier de grande ampleur et défié par son charismatique mentor, Mahathir Mohamad, 92 ans aujourd’hui.

Tout a été mis en œuvre pour assurer la victoire à la coalition : campagne électorale courte, redécoupage des circonscriptions électorales, activation de lois liberticides « au nom de la sécurité nationale », contrôle des médias, surveillance des blogs et arrestations arbitraires. Le 4 avril, il a été annoncé que la coalition d’opposition ne pouvait être enregistrée, de même pour le parti de Mahathir. Sur le coup, l’opposition a décidé de faire campagne sous la bannière du Keadilan, le parti d’Anwar Ibrahim. Ironiquement, ces mesures d’intimidation ont rapproché les partis d’opposition. C’est un euphémisme de dire que la campagne s’est déroulée dans un climat d’intimidation et de peur sans débat politique réel.

Pourtant, le 9 mai 2018, la victoire de l’opposition est sans appel : 121 sièges sur 222. Mahathir déclare vouloir rétablir l’État de droit. Mahathir prête serment devant le roi le 10 mai ; il devient le dirigeant élu le plus vieux du monde. Vendredi 11 mai, le roi accepte de gracier Anwar Ibrahim à qui Mahathir devrait déléguer le pouvoir dans un avenir proche. […]

Sophie Boisseau du Rocher, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°117 mai 2018

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