Cambodge : les ambitions décomplexées de Hun Sen

Depuis plusieurs mois, le Premier ministre du Cambodge Hun Sen procède à un resserrement des jeux politiques afin de ne laisser aucune possibilité à l’opposition de gagner les élections législatives de juillet 2018. Derniers événements en date : l’arrestation du dirigeant du PSNC (Parti du Sauvetage national), Kem Sokha, le 3 septembre 2017 et la fermeture d’un des derniers journaux d’opposition, le Cambodia Daily, le 4 septembre. En même temps que la mise en place d’une « démocrature », Hun Sen revendique l’échec de la transition démocratique. L’exportation du modèle chinois se consolide.

FAITS

Depuis près d’un an, la fragile démocratie cambodgienne est attaquée par ses propres dirigeants. On observe une série de mesures répressives à l’égard :

  • des défenseurs des droits de l’Homme (assassinat en juillet 2016 de Kem Ley à Phnom Penh et fermeture d’ONG pro-démocratiques),
  • des médias indépendants (une trentaine de radios ont été fermées et le principal journal d’opposition, le Cambodian Daily, a été suspendu le 4 septembre 2017),
  • des institutions (une loi a été adoptée dans la hâte en juillet 2017 qui autorise le gouvernement à dissoudre tout parti politique) et des personnalités politiques elles-mêmes.

L’arrestation de Kem Sokha au prétexte de « trahison et de conspiration avec les États-Unis » ne trompe personne : Hun Sen se débarrasse d’un opposant crédible et signifie à Washington que les États-Unis, et plus largement l’Occident, ont échoué à exporter la démocratie.

Ce raidissement s’explique par les résultats mitigés des dernières élections : les élections législatives de 2013 où le PSNC a remporté 55 des 123 sièges et les élections municipales de juin 2017 où il gagnait des villes, notamment les municipalités phare de Phnom Penh, Siem Reap et Battembang. […]

Sophie Boisseau du Rocher, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°109 septembre 2017

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