Chine – Europe – France : Typhon sur la Charente. Dragon de bois à Pékin, gueule de bois à Cognac ? (180/2024-02)

« C’est une très bonne nouvelle » disait Bruno Le Maire, félicitant en septembre 2023 Ursula von der Leyen qui annonçait l’ouverture d’une enquête sur les subventions données aux véhicules électriques chinois. Quatre mois plus tard, la réponse du berger à la bergère arriva de Pékin : ouverture d’une enquête antidumping sur le brandy importé de l’UE*. Le produit visé est le fleuron des exportations en Chine : le cognac. La cible évidente est la France. Le calendrier minutieusement choisi : 2024, juste quand le secteur traverse deux crises simultanées : une production record en 2023 et une chute des ventes de 23 % et même 43 % aux États-Unis, le 1er acheteur. Les vins australiens ont expérimenté une telle aventure il y 3 ans, ils étaient alors les premiers. Ils ont été effacés du marché chinois.  2024 s’ouvre sur l’année du dragon de bois pour la Chine millénaire. Si elle s’accompagne d’un typhon tarifaire, ce sera l’année de la gueule de bois pour la Charente et ses vignes.

Typhon était un être monstrueux fils de Tartare et de Gaïa. À la fois mi-homme mi-fauve, il était ailé et ses yeux lançaient des flammes. Sa tête touchait aux étoiles, ses bras étendus touchaient l’Orient et l’Occident, et au bout de ses bras il avait cent têtes de dragons. Humour sino-grec.

FAITS

7 septembre 2023 : ouverture par l’UE* d’une procédure « antidumping » à l’encontre des voitures électriques chinoises exportées en Europe. La France s’en félicite bruyamment.

5 janvier 2024 : les autorités chinoises ouvrent une enquête pour des soupçons de dumping sur des eaux-de-vie de vin (brandys) importées depuis l’Union européenne entre le 1er octobre 2022 et le 30 septembre 2023. La période du 1er janvier 2019 au 30 septembre 2023 sera également étudiée pour déterminer si les producteurs chinois ont subi des préjudices. L’enquête doit durer entre douze et dix-huit mois. Son annonce eu un effet immédiat sur les valeurs boursières des grands acteurs du secteur.

Le BNIC* a réfuté l’idée selon laquelle des droits de douane seraient introduits, déclarant : « Nous ne pensons pas que cela soit possible, car nos produits et nos pratiques commerciales sont [•••]

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 180/2024-02