Taïwan ou l’impossibilité d’une île : manipulations médiatiques à l’âge de la « sino-mondialisation »

Taïwan est le centre aujourd’hui des forces travaillant le monde chinois – que ce soit des forces de contestation comme les militants de Hong-Kong et du Tibet soit des forces de « soumission » comme certains groupes de presse taïwanais ou hongkongais dépendant des capitaux chinois. Croire que ce qui se passe à Taïwan relève de la politique locale et du débat entre DPP et KMT serait une erreur : il s’agit en réalité d’une répétition générale du processus de « sino-mondialisation » en face duquel chaque nation et chaque individu doit savoir se positionner.

Today Taïwan is the centre today of forces laboring into the Chinese world – either forces of contestation such as Hong-Kong and Tibet activists or forces of “submission” such as some mass-media companies in Taïwan or Hong-Kong. Believing that what is happening in Taïwan is a matter of local politics and the debate between DPP and KMT would be a mistake: it is actually a general rehearsal of the “Sino-Globalization” process in front of which every nation and individual should learn how to take position.

FAITS

Toute une série d’événements ces derniers mois tendent à montrer que Taïwan est devenu le laboratoire majeur à la fois de la « sino-mondialisation » (c’est-à-dire d’une refonte de l’ordre du monde à l’aune « des caractéristiques chinoises » 1)) et de la résistance à celui-ci en termes politique et médiatique.

  • Début janvier 2019, des activistes de Hong-Kong militant pour la souveraineté de l’île se réunissent à Taipei pour expliquer la situation du territoire et la stratégie de privation graduelle des libertés entraînée par la soumission à la Chine dite continentale.
  • Fin mars, l’association taïwanaise des tibétains de Taïwan et le Dalai Lama ont exprimé leurs désirs de renforcer les liens avec l’île en témoignant de la manière dont la mainmise chinoise sur le territoire avait mené à la destruction de la culture autochtone du royaume tibétain.
  • À cet ensemble de faits s’ajoute le traitement médiatique de ces événements, révélateur d’une prise de possession graduelle des médias de Hong-Kong et Taïwan par la Chine continentale.
  • Étant donné la nature du gouvernement chinois et sa mémoire historique sélective (passant sous silence les atrocités du régime sous Mao et lors de Tiananmen et ne cessant de rappeler celles des Européens et des Japonais il y a un siècle), il n’est pas étonnant que cette influence passe par la production de fake-news. Ainsi le 17 janvier, le journal hongkongais Kung Pao avait affirmé que les activistes de Hong Kong avaient rencontré un émissaire de Tsai Ing-wen pour former un groupe de jeunesse anti-communiste alors qu’ils avaient rencontré un journaliste local. Une analyse conduite par Reuters démontrait ensuite que les envoyés du Wen Wei Po et du Kung Pao avait suivi les faits et gestes de 25 militants indépendantistes à Taïwan – et cela sans autorisation d’investigation à l’étranger comme l’a déclaré le gouvernement taïwanais.
  • Fin mars 2019, des groupes étudiants […]

Jean-Yves Heurtebise, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°127 avril 2019

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