Japon et Russie : l’histoire d’un conflit de frontière aux îles kouriles, juin 2011

Japon et Russie : l’histoire d’un conflit de frontière aux îles kouriles

Takehara Yamada Yumiko, L’Harmattan, juin 2011

Cet ouvrage analyse et clarifie les problèmes territoriaux entre le Japon et la Russie concernant les quatre îles (Etorofu, Kunashiri, Shikotan et le groupe Habomai) appelées les « Territoires du Nord ». L’auteur pose les questions fondamentales : pourquoi parle-t-on du problème des îles Kouriles ? Le Japon exige-t-il la totalité des îles Kouriles ? Pourquoi l’étendue de ces îles n’a-t-elle pas été clairement précisée lors de la Conférence de paix de 1951 à San Francisco ? Pourquoi le Japon prétend-t-il à la restitution de ces « Territoires du Nord » ?

À l’époque féodale Tokugawa (1603-1868), afin de protéger le Japon des influences extérieures, le gouvernement ordonna la fermeture du pays. Seuls Chinois et Hollandais avaient le droit de faire escale à Nagasaki. Cette période de repli a permis le développement de la culture japonaise, une longue période de paix et donc un essor économique important avec des réseaux de transport terrestre et maritime. Qui dit augmentation du trafic maritime, dit augmentation des naufrages et dérives vers les côtes étrangères. Ainsi, les rescapés, commerçants ou marins, ont joué un rôle important de renseignement au début des relations diplomatiques entre la Russie et le Japon. La Russie organisa de grandes expéditions vers le Japon au XVIIIe siècle, époque à laquelle ce dernier n’avait pas encore conscience d’être un État. De plus, sa position géographique –archipel détaché du continent- ne lui imposait pas la nécessité d’une définition rigoureuse de ses frontières. Au XIXe siècle, le Japon, malgré la fermeture de ses frontières, se sentit menacé par l’impérialisme des Occidentaux. Prenant conscience de ses frontières, le Japon en négocia les limites avec la Russie. À l’époque Meiji (1868-1912), les Japonais comprirent la nécessité de devenir un pays moderne afin de ne pas être colonisés par les puissances occidentales. Staline déclara la guerre au Japon à la fin de laDeuxième Guerre mondiale et ne commença à attaquer les Kouriles qu’après la capitulation du Japon. La Russie occupa l’ensemble des îles y compris les quatre îles japonaises dites « les Territoires du Nord », expulsant les habitants japonais dont les derniers le furent en 1949 et développant une politique d’émigration russe jusqu’à aujourd’hui. Cette situation est à l’origine directe des problèmes actuels car difficiles à résoudre. La frontière entre la Russie et le Japon n’a pas été définie à la Conférence de paix de San Francisco (1951) et la Russie n’a pas signé le traité de paix avec le Japon. La Russie considère l’accord de Yalta (1945) comme un accord officiel alors que le Japon, qui ne l’a pas signé, le considère comme un accord secret entre les Alliés. Ce différend nippo-russe n’a été que l’un des enjeux de la guerre froide. Devenu l’allié des États-Unis (pays occupant Okinawa), le Japon souhaitait rétablir des relations sereines avec Washington mais aussi avec l’ONU. Mais l’influence américaine était trop importante dans la diplomatie japonaise : les États-Unis intervenaient sur les problèmes des Territoires du Nord à chaque fois que les relations nippo-russes s’amélioraient, provoquant ainsi un regain de tension. Que s’est-il ensuite passé après la guerre froide ? L’arrivée de MM. Poutine et Koizumi sur la scène politique ont détérioré les relations diplomatiques entre les deux pays. Qu’en est-il de l’opinion publique intérieure et des problèmes des habitants japonais et russes ? C’est à toutes ces questions que l’auteur va répondre.

Takehara Yamada Yumiko a fait un travail de recherche minutieux qui met à notre portée l’histoire et la géographie passionnantes de cette région, dans le détail. Les illustrations et les cartes sont très appréciables.

Catherine Bouchet-Orphelin, Asie21

 

Voir également de Jean Perrin :

 

–> Lettre confidentielle n°39 avril 2011 : RUSSIE – JAPON Kouriles : la guerre du Pacifique n’est pas terminée, Jean Perrin

–> L’inconnu japonais, éditions Casterman, Paris, 1974 , Jean Perrin

–> Kouriles : la chronologie des événements de 1945, Jean Perrin