Pakistan – Chine : Le CPEC, axe et obstacles 

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L’avancement des différents programmes qui composent l’initiative chinoise du Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC*) fléchit. Les raisons en sont multiples. Celle de la corruption a pris de telles proportions que même Pékin s’en alarme ! Si l’on excepte les projets ponctuels comme les centrales électriques, les difficultés que rencontre celui de l’axe ferré central sont préoccupantes tant pour Pékin qu’Islamabad. Sans la réalisation complète de cet axe, la raison d’être du CPEC, après avoir miroité, disparaîtrait comme une bulle de savon. Les deux régions situées à ses extrémités constituent de redoutables obstacles : le Baloutchistan au sud, le Gilgit-Baltistan au nord.

Progress on the various programs that make up the China-Pakistan Economic Corridor (CPEC *) initiative is weakening. There are multiple reasons. That of corruption has grown to such proportions that even Beijing is alarmed! With the exception of one-off projects such as power plants, the difficulties facing the central rail line are worrying for both Beijing and Islamabad. Without the full realization of this axis, the raison d’être of the CPEC, after having sparkled, would disappear like a soap bubble. The two regions located at its extremities constitute formidable obstacles: Balochistan to the south, Gilgit-Baltistan to the north.

Description

FAITS

Avec celle-ci, la Lettre Asie21 aura, en moins de six mois, évoqué à trois reprises les embuches rencontrées par le CPEC*projet-amiral des nouvelles Routes de la soie – dans sa mise en œuvre.

  • Lettre de juin 2020. L’absence d’appel d’offres pour l’attribution de centrales électriques s’est traduite par un prix excessif de l’électricité, pesant sur la très fragile économie du Pakistan. Des plaintes pour corruption (irrégularités présumées pour plus de 1,8 milliard de dollars) dans le secteur de l’électricité à l’encontre de membres du cabinet du Premier ministre ont été déposées.
  • Lettre de septembre. Pékin enjoint le gouvernement pakistanais de quasiment céder à l’armée la gestion conjointe des programmes du CPEC pour les sortir de la léthargie administrative. On crée en conséquence une « Autorité du CPEC* » présidée par un général de corps d’armée à la retraite, Asim Saleem Bajwa. Le président de l’Autorité et son personnel bénéficient d’une clause contestée d’immunité judiciaire.
  • En novembre, la coopération sino-pakistanaise subit à nouveau un mauvais coup : le PDM*demande la mise à l’écart d’A. S. Bajwa, soupçonné de corruption. Il devrait rendre compte de ses nombreuses affaires privées aux Émirats arabes unis et au Canada, ainsi qu’aux États-Unis où il en possèderait une centaine. Il a déjà été prié de démissionner de son poste de conseiller pour l’information auprès du Premier ministre.
  • Les autorités chinoises, qui voulaient travailler avec l’armée pour éviter la corruption privée, tombent de haut. La visite prévue du président Xi Jinping au Pakistan en septembre 2020 s’en est trouvée reportée – « en raison de la pandémie ». La situation ne plaide pas pour le gouvernement pakistanais au moment où il sollicite de Pékin une réduction de 2 à 1 % le taux d’intérêt du prêt chinois – 6,8 milliards de dollars – destiné à la modernisation de l’axe ferré vital Peshawar-Islamabad-Karachi (ML-1*, 1 872 km), préalable tant à la construction de la ligne Karachi-Gwadar (700 km) qu’à celle du redoutable tracé descendant de l’Himalaya (682 km), prévues toutes deux pour 2030.
  • Le 1er novembre 2020, Imran Khan a annoncé que la région administrative du Gilgit-Baltistan – les anciens Territoires du Nord – sera dotée d’un statut provisoire de province, la cinquième du pays. Aucun calendrier n’a été publié. L’initiative en reviendrait à l’armée pakistanaise, sans doute « inspirée » par Pékin : ce changement contribuera à protéger dans cette région les investissements chinois dans le CPEC*. Le ministère indien des Affaires étrangères a déclaré qu’il rejetait fermement cette décision, la région du Gilgit-Baltistan, actuellement sous l’occupation illégale et forcée d’Islamabad dans le cadre du Cachemire occupé par le Pakistan, faisant partie intégrante de l’Inde depuis 1947. (Cf. article précédent). […]

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°145/2020-12

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