Ouzbékistan : À la porte de l’inconnu

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Premier et unique président de la vaste république centrasiatique d’Ouzbékistan, Islam Karimov avait réussi durant le quart de siècle de sa présidence à le faire résister à toutes les menaces régionales. La disparition du fondateur du pays est une étape inconnue de l’avenir centrasiatique, tant l’Ouzbékistan  actuel est porteur d’autant de menaces que d’espoirs.

Description

FAITS

Islam Karimov, président de la république d’Ouzbékistan depuis la création de celle-ci, en 1991, est décédé le 2 septembre 2016 à 78 ans, des suites d’une hémorragie cérébrale. En soi, la nouvelle n’est certes pas un scoop : cela fait des années que les rumeurs circulaient sur la santé chancelante de celui qui détenait la totalité des clés du pouvoir dans son pays. Nommé aux plus hautes fonctions du parti régional, puis de la république, à l’époque de Mikhaïl Gorbatchev, Islam Karimov avait plus subi qu’accompagné les événements de 1991 ayant conduit à la disparition de l’Union soviétique : on parlait même de lui pour être nommé à la tête de l’Union si le putsch du 19 août avait réussi.

Le président défunt n’avait en rien préparé sa succession, et son régime était devenu le symbole de l’immobilisme politique dans l’attente de sa fin inéluctable. Pourtant, dès les jours qui suivirent son décès, le faible processus constitutionnel existant a volé en éclat. De façon plus policée, certes, que ce fut le cas au Turkménistan voisin en 2006, où la succession du défunt président Nyazov s’était réglée à coup d’arrestations sommaires et d’éliminations politiques.

Il a suffi en Ouzbékistan que le président du Sénat, chef de l’État intérimaire, se retire de lui-même et propose, le 8 septembre, d’être remplacé par le Premier ministre Chavkat Mirziyoyev pour que les jeux semblent faits : le nouveau chef de l’État par intérim, qui supervisera l’élection présidentielle programmée pour le 4 décembre 2016 avait en effet déjà présidé, dans la plus pure tradition soviétique, la commission d’organisation des obsèques du défunt*. Âgé de 58 ans, originaire de la province de Djizak, aux portes de la vallée de Ferghana, Premier ministre depuis treize ans, il fait surtout partie au sommet du pouvoir ouzbek du clan dit de Samarcande, que dirigeait Islam Karimov.

ENJEUX

Trois enjeux majeurs se posent désormais au pays.

Enjeu national

Le défi majeur sera de […]

Patrick Dombrowsky, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°98 septembre 2016