Mer de Chine du Sud – Philippines – Chine – Vietnam – États-Unis : Application agressive de la loi chinoise sur la police maritime

Le 23 avril 2023 deux garde-côtes, chinois et philippin, se sont confrontés en ZEE des Philippines, dans un secteur contesté par Pékin. Manille a protesté. Pékin a répliqué être dans son bon droit. L’incident, qui n’est pas le seul, est l’illustration concrète de la mise en application, depuis le 1er février 2022, de la « loi sur la police maritime de la république populaire de Chine ». Les États-Unis ont pris position en faveur des Philippines ainsi que, plus discrètement, l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni et la France au nom du respect du droit de la mer. L’incident a été l’occasion de raffermir les liens de coopération de sécurité navale entre Américains et Philippins.

FAITS

En patrouille du 18 au 24 avril 2023 dans leur ZEE, les garde-côtes philippins BRP Malapascua et BRP Malabrigo ont dû faire face, le 23, à une provocation chinoise dans le secteur de Thomas2. Un garde-côtes chinois, le CCG 5201, a en effet tenté, par une manœuvre dangereuse et prohibée par le droit de la mer, de barrer la route du BRP Malapascua en approche du haut-fond, sur lequel a été drossé en 1999 un bâtiment réformé de débarquement, le BRP Sierra Madre, et dont la garde est assurée depuis par une micro garnison d’une dizaine d’hommes.

L’incident est le paroxysme de plusieurs jours de harcèlements chinois menés par radio à l’encontre des deux BRP sous prétexte qu’ils patrouillaient en « indiscutable territoire » maritime chinois. Après les refus d’obtempérer des Philippins qui arguaient de leurs droits légitimes, les Chinois sont passés aux menaces sur l’air de : « puisque vous n’avez pas tenu compte de nos avertissements, nous prendrons à votre encontre les mesures nécessaires en application des lois et il vous reviendra d’en assumer toutes les conséquences » et sont passés à leur exécution. Face aux protestations philippines le MAE chinois tenta d’expliquer que la faute de la manœuvre en revenait à la partie adverse.

Prenant fait et cause pour Manille, le département d’État des États-Unis a émis, le 29 avril, une note à l’attention de la Chine par laquelle il condamne l’action de ses garde-côtes dans les secteurs de Thomas 2, et aussi des récifs de Scarborough. Il rappelle que toute attaque contre un navire ou un aéronef d’État philippin entraînerait automatiquement la mise en application de l’article IV du traité de [•••]

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n° 172/2023-05