La vie sur terre ou le paradoxe des ppm

La vie et la mort sont intimement liées dans un cycle « vie – mort » régi par la loi de Lavoisier : « rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme. » Le meilleur moyen pour mesurer les différentes formes de vie sur terre consiste à étudier l’élément universel commun à tous, le carbone C et suivre son mariage multiforme avec son ami l’oxygène… tout en sachant que la vie terrestre est fondamentalement une question énergétique avec un grand maître depuis toujours, le soleil.

Jamais l’homme, par son intelligence liée à la gestion de sa mémoire, n’a été créature aussi puissante pour construire/détruire… et aussi fragile, avec ses 110 ppm de C de biomasse et ses 350-450 ppm de CO2 dans l’air, pour vivre donnant sens à l’affirmation de Chris Bowler : « Si l’humanité disparaissait demain, la planète pourrait s’en remettre rapidement. »

 

L’humain : 60 Mt de C* dans 550 Gt C* de la biomasse de la nature : 0,011 % de la biomasse

 

  • La biomasse de la Terre : 545 Gt C*, dont 60 Mt pour les humains, et 450 Gt C* pour le monde végétal terrestre, 7 500 fois le C de l’humanité, 70 Gt de bactéries, 200 Mt de virus – 3 fois tout le C de l’humanité.
  • Les humains et le bétail dominent la biomasse mammalienne, mais ce n’est qu’une petite fraction des ≈ 2 Gt C* de la biomasse animale, les arthropodes et les poissons mobilisant respectivement ≈ 1 Gt* et ≈ 0,7 Gt C*.
  • Depuis l’apparition de l’humanité il y a 2-3 millions d’années, on a noté les phénomènes dramatiques suivants, sans en faire porter la totale responsabilité à l’espèce humaine.
  • Une division par 2 de la biomasse végétale totale, donc de la biomasse totale sur Terre.
  • Un remplacement des espèces sauvages par des animaux domestiques utilitaires alimentaires, avec une masse des mammifères sauvages (marins et terrestres) divisée par 6 ou, pour les mammifères terrestres sauvages, extinction de la mégafaune quaternaire entre ≈ 50 000 et ≈ 3 000 ans, la disparition de la moitié des espèces de grands mammifères terrestres (>40 kg)), des mammifères marins (chasse intensive à la baleine et exploitation d’autres mammifères marins).
  • Les humains et le bétail l’emportent sur tous les vertébrés réunis, à l’exception des poissons : la biomasse des humains et du bétail, dominé par les bovins et les porcs, est 22 fois supérieure à celle des mammifères sauvages, quand celle de la volaille domestique, dominée par les poulets, est 3 fois plus élevée que celle des oiseaux sauvages.
  • Le petit dernier de l’évolution darwinienne arrivé sur terre, l’homme, a changé la composition du milieu vivant de notre planète.

 

 

 

Figure 1 : biomasse C en million de t

monde animal et végétal

                                    

Figure 2 : quantité de C en millions de t

Dans le monde animal

 

 

 

Figure 3 : La part de Carbone des humains dans le Carbone de la biomasse de la planète « terre », le cadre B est l’extension du petit triangle en bas à droite du cadre A de 2 Gt de Carbone pour le monde animal

 

Pas de vie sans CO2 – à 0,05% de CO2, la vie humaine est en danger

Le CO2, sous-produit dans l’utilisation des énergies fossiles, est en même temps le poison et le carburant de la planète pour la photosynthèse, captatrice de l’énergie solaire durant des milliards d’années. C’est le CO2 qui génère l’oxygène.

  • – C+O2> CO2 destruction
  • – CO2 >C+O2 régénération, la feuille étant le panneau solaire, la graine et le bois, la batterie naturelle.

 

Ou équivalent mais plus proche de la réalité :

6 CO2 + 6 H2O + énergie lumineuse → C6H12O6 (glucose) + 6O2 + 6H2O

 

Avec les oses, nous avons le stockage de l’énergie (sucre, amidon des céréales, lignite du bois) et la production d’oxygène en nombre de molécules équivalentes à celles de CO2 utilisées.

Le carburant de la photosynthèse, c’est le 0,04 % de CO2 de l’air avec une plage pour la vie humaine qui semble être comprise entre 0,02 et 0,06 % grâce au formidable coussin amortisseur des variations climatiques constitué par les 450 Gt C de la biomasse terrestre.

 

La hausse des températures actuelle est liée à la hausse de la teneur en CO2 de l’air, résultat du recyclage par l’homme des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) provenant des biomasses végétales de plusieurs centaines de millions d’années. Les 27 COP ont accouché de 27 résolutions de plus en plus martiales et volontaires, mais qui n’ont rien changé dans les hausses du CO2 liées à des consommations d’énergies croissantes. Et si on s’était trompé de cible ?

 

Figure 4 : CO2 atmosphérique à l’observatoire du Mauna loa

 

Figure 5 : émissions journalières (Mt CO2/jour)

 

L’humain occidental a découvert les puissances des énergies fossiles, dont il est devenu drug addicted. En 300 ans seulement, il a cru devenir le nouveau « maître des forges » du monde. Il a voulu faire évoluer la nature à son profit, remplaçant le « sauvage » riche de son anarchie par le cultivé « civilisé » riche de son immédiateté, oubliant que sa sélection éliminait aussi des potentialités non révélées, utiles pour l’avenir. À terme, ce choix peut être catastrophique, car vivre avec la nature c’est penser à long terme.

 

L’occidental, majoritaire par la richesse qu’il contrôle liée à l’énergie qu’il utilise, est devenu minoritaire en nombre. Le système a créé deux sous-produits, devenus hors contrôle : le CO2 et les écarts de richesse avec la pauvreté.

 

L’objectif actuel est de remplacer l’énergie de la photosynthèse, qui pollue, par l’énergie solaire ou éolienne, propre, et de résoudre le problème des excédents de CO2 dans l’air.

 

Les Tesla permettront de respirer de l’air pur… On a oublié les milliards de personnes qui continuent la culture sur brûlis (slash and burn) pour survivre et continuent à être, à penser, sans avoir – à la différence des 10 % qui ont 80 % des richesses – de l’énergie. La planète est en danger par ses inégalités sociales.

Pauvreté n’est pas vice, mais danger pour les civilisés que nous sommes. L’éliminer est priorité, elle deviendra alors richesse pour tous, c’est l’urgence absolue.

Quant à la nature, vivons gentiment avec elle, tout en se souvenant des écrits de Th. Monod : « La nature n’est ni morale ni immorale, elle est radieusement, glorieusement, amorale. » Elle a des milliards de possibilités d’expression dans ses gênes. Un cm² de sol (un timbre-poste) reçoit annuellement 27 000 grains de pollen de toutes espèces. Elle a su s’adapter aux variations des conditions de vie, longues comme courtes, alors que l’homme, par son intelligence, choisit le meilleur de l’instant, qu’il reproduit à l’identique, oubliant que choisir dans le temps long, c’est aussi éliminer les évolutions de demain. Le progrès, c’est s’adapter sans tuer l’avenir. Le progrès, c’est l’humilité.

 

Figure 6 : distribution des richesses et revenus selon les classes de richesses croissantes

50 %, 40 %, 10 % et les non classables 1 %, 0,1 % et 0,01 %

 

Maurice Rossin, Asie21

Gt C, Gigatonne de Carbone ou milliard de tonnes ou 109 t

ppm, particule par million, c’est à dire 1 g par tonne ou 1 millilitre par mètre cube d’eau