Noté sur un site mongol l’article du journaliste japonais, Akio Yaita, spécialiste de la Chine, qui a consacré un livre à Xi Jinping
Selon celui-ci, qui se réfère à une conversation avec un fonctionnaire du PCC, proche de Hu Jintao, une conférence du Parti se tiendrait en ce moment et jusqu’à la mi-août à Beidaihe 北戴河 où seraient discutées les tendances dictatoriales de Xi Jinping, le culte de sa personnalité et sa politique aventuriste en mer de Chine méridionale. L’auteur signale que, depuis le mois de juin 2018, son nom est moins souvent en manchette des principaux organes de presse et que des bannières reproduisant ses citations ont disparu à Pékin et à Shanghaï. En revanche, le nom de Li Keqiang apparaîtrait plus souvent dans la presse. Début juillet, les caciques du Parti Jiang Zemin, Hu Jintao, Zhu Ronji et Wen Jiabao auraient cosigné une lettre à la direction du parti appelant à la révision de la politique économique et diplomatique (notamment relations avec les États-Unis) de la Chine. On compare cette situation à celle qui a précédé la disgrâce de Hua Guofeng. La source chinoise paraît cependant regretter qu’il n’y ait pas actuellement de personnalité du calibre de Deng Xiaoping pour s’opposer à Xi Jinping.
D’après le politologue russe Igor Pankratenko, membre du conseil d’un institut de recherches sur l’Asie centrale, qui s’exprime dans Nezavisimaya Gazeta, les « élites chinoises » effrayées qui propagent les rumeurs d’une retraite anticipée de Xi Jinping prennent leurs désirs pour des réalités. Ce sont avant tout des gens qui craignent pour leur porte-monnaie, certains étant menacés par la campagne anticorruption de Xi et qui maintenant redoutent une guerre économique avec Washington de nature à affecter leurs avoirs et « nids douillets » planqués aux États-Unis et en Australie. En répandant ces bruits auprès d’étrangers, ils espèrent en même temps alerter le chef de l’Etat sur les dangers de sa politique. Il est toutefois indéniable, dit l’auteur, que Xi Jinping passe par une période difficile, aggravée ces jours-ci par le scandale des vaccins pour enfants, qui a un impact important sur l’opinion publique chinoise. De toute façon, ajoute-t-il, même si la contestation est réelle, on ne voit aucune personnalité de taille à lui faire contre-poids.
Jean Perrin, Asie21