Russie – Chine : Sur le pont de Blagovechtchensk 中俄邊界大橋的糾結

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Description

Ce pont sur le fleuve Amour, entre la ville russe de Blagovechtchensk et Heihe sur la rive chinoise, est présenté d’une façon surprenante comme le chaînon manquant d’une des branches des nouvelles Routes de la soie en Eurasie. La portion chinoise, réalisée depuis 2016 après près de trois décennies de négociations, débouche sur le vide en attendant que la partie russe termine ce qui lui revient. Le chantier à l’arrêt semble marquer le peu d’intérêt que Moscou porte à l’activisme de Pékin.

La revue National Geographic a confié une mission de reconnaissance de 16 projets de la Route de la soie à une équipe d’experts. Ankur Shah est l’un d’eux. Il raconte comment, à l’automne 2018, il s’est rendu à Blagovechtchensk, 225 000 habitants, située entre Moscou, à 7 985 km et Vladivostok, à 1 440 km, au confluent de la Zeïa et du fleuve Amour (Heilongjiang en mandarin), qui délimite la frontière avec la Chine sur près de 1 600 km. De l’autre côté du fleuve, la ville chinoise de Heihe, 212 000 habitants (72 000 en 2002), dont le dynamisme contraste avec la stagnation de la première, notamment depuis la crise du rouble en 2014.

La traversée du fleuve se fait par ferry l’été et par bus lorsqu’il est pris par les glaces. La construction de ce pont routier transfrontalier de 1 280 m avait été décidée en 1993 par Boris Eltsine et Jiang Zemin. Il devrait franchir l’Amour en aval du confluent de la rivière Zeïa, dans le village de Changfa, au sud-est de Heihe. En juin 2001, devant la lenteur de l’avancement de ce projet, la partie chinoise a proposé de le financer. Ce pont est désormais présenté, selon le quotidien chinois Global Times du 17/08/2017, comme un projet de l’Initiative des nouvelles Routes de la soie – celui du corridor économique Chine-Mongolie-Russie, (CMREC) dont il serait le maillon manquant. L’information est surprenante, car il en est éloigné de 1 500 km à l’est…

La portion chinoise du pont, inaugurée le 24 décembre 2016 après trois ans de travaux, […]

Rémi Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°123 décembre 2018

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