Chine : Le rôle du yuan en Asie, conforté au Pakistan

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La Chine tente depuis la décennie 2000 d’imposer sa devise le yuan, CNY, comme monnaie de référence, d’échange, d’investissement, de réserve en Asie pour en éliminer le dollar. Un accord de swap existait depuis fin 2011 entre Chine et Pakistan, peu utilisé. Un accord de novembre 2017 conforte son rôle dans le cadre du CPEC, China Pakistan economic corridor. Quel en est l’objectif ?

Description

FAITS

La Chine a conclu des accords de swap avec une trentaine de pays dont un avec le Pakistan en décembre 2011. Cet accord de swap est un prêt de 10 Mds CNY (yuans) à la banque centrale pakistanaise et, pour un même montant, un prêt de 140 Mds Rs (roupies), à la banque de Chine par le Pakistan. Ainsi chaque exportateur peut se faire payer dans sa propre monnaie ce qui lui évite des frais de change. En pratique l’accord de swap fut peu utilisé et les transactions en dollars ont subsisté entre les deux pays jusqu’aux crises des paiements qu’a connues le Pakistan. Mais le déficit commercial du Pakistan envers la Chine est considérable et s’accroît.

En 2016, le Pakistan a importé pour 12 Mds $ de produits chinois mais ses exportations vers la Chine ne s’élevèrent qu’à 1,5 Mds $.

En 2018, une nouvelle crise des paiements se profile et absorbera tous les dollars disponibles. Grâce au CPEC (China Pakistan Economic Corridor), les investissements chinois et les échanges commerciaux se développent mais en yuans. La Chine a voulu renouveler et améliorer cet accord pour étendre l’aire d’expansion du yuan et restreindre celle du dollar selon sa politique constante.

L’accord de swap a été renouvelé dans le cadre du Plan d’investissement à long terme du CPEC, signé en novembre 2017 entre les deux pays. Les formalités de mise en œuvre de l’accord de swap sont simplifiées. Il fallait jusqu’à maintenant que le client pakistanais produise une « lettre de crédit » pour que la banque centrale règle son fournisseur chinois en yuans. Cette formule courante dans les échanges internationaux mais onéreuse, garantit au fournisseur qu’il sera bien payé. Elle n’est guère usitée entre les deux pays qui se contentent d’une confiance orale entre fournisseur et client. Une simple facture du fournisseur suffira désormais. Comme les échanges sont très déséquilibrés les yuans seront épuisés alors que le stock de roupies détenu par la Chine sera peu entamé. Le Pakistan devrait payer le solde. En fait, la Chine lui consentira un prêt en yuans pour qu’il règle ce solde en échange de facilités d’investissements dans le cadre du CPEC.

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Philippe Delalande, Asie21

 

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°113 janvier 2018

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