ASIE DU SUD-EST   Changement climatique et désastres écologiques : le coût des dégâts 

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Description

Après 2014 et 2015, 2016 a été la pire année en ce qui concerne les effets du changement climatique en Asie du Sud-Est : les catastrophes naturelles augmentent en fréquence, en durée et en violence. La région est très exposée aux conséquences induites qui touchent à la fois les plus vulnérables, les activités économiques le long des côtes (plusieurs capitales sont touchées par les problèmes causés par la montée des eaux) et une pollution qui s’amplifie. Depuis 1990, les 10 pays de l’ASEAN ont vu leur part dans les émissions mondiales de de gaz à effet de serre (GES) croître très significativement de 4,5 % en 1990, à 5,8 % en 2000 pour atteindre 9 % des émissions en 2015. Le lien de causalité entre changement climatique, dégâts écologiques, pauvreté et développement économique était une fois de plus démontré par les enchaînements sur place. Alors que les accords de Paris COP 21 insistaient sur la nécessité de réduire les émissions de GES, l’inquiétude grandit. L’Asie du Sud-Est, un des pôles économiques mondiaux mais aussi une des régions phares de la biodiversité, pourrait montrer l’exemple dans le combat contre le réchauffement climatique non seulement en s’attaquant sérieusement au problème mais en proposant des solutions véritablement innovantes. On en est loin.

FAITS

2016 aura été l’année la plus chaude depuis que les températures sont enregistrées en Asie du Sud-Est (où la température a augmenté de 0,2°C en moyenne chaque décennie entre 1950 et 2000, puis de 0,3 % de 2000 à 2010) :

  • augmentation de la température moyenne,
  • reprise du cycle El Nino,
  • sécheresse prolongée au Cambodge et en Thaïlande qui a été contrainte de rationner l’eau,
  • baisse des prises de pêche aux Philippines, en Indonésie, Thaïlande et Laos (les barrages sur le Mékong menaçant certaines espèces),
  • glissements de terrain,
  • inondations,
  • les pires feux de forêt en Indonésie depuis plus de vingt ans.

La montée du niveau de la mer (Philippines, Indonésie, Birmanie) continue à provoquer des migrations et la constitution de bidonvilles à l’orée des centres urbains. La déforestation se poursuit (pour la seule année 2016, 3 millions d’hectares de forêt ont été brûlés en Indonésie causant des émissions de carbone égales à celles des États-Unis et des dégâts estimés à 14 milliards de dollars en termes de pertes agricoles, de santé et de dégradation touristique) contribuant à l’érosion des sols et donc aux glissements de terrain. On rappellera que le Typhon Haiyan, qui a frappé les Philippines fin 2013, a été le plus puissant et le plus meurtrier de l’histoire du pays, tuant près de 10 000 personnes et causant 2,8 milliards de dollars de dégâts. En Birmanie, le cyclone Komen et les inondations qui ont suivi (juillet-août 2015) ont provoqué la mort de 132 personnes et affecté plus de 1,5 million de personnes.

Sophie Boisseau du Rocher, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°105 avril 2017