Chine et Sud : Le désenchantement

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Réagissant aux difficultés du Sud que provoque le ralentissement de son économie, Pékin augmente ses prêts, ce qui n’est pas sans risque.

Description

FAITS

Depuis les années 2000, la Chine est le principal partenaire d’un nombre croissant d’exportateurs de matières premières. Premier importateur de pétrole, elle consomme autant de minerais que l’ensemble des pays du Nord. L’envolée des cours qu’a suscitée cet appétit a amené des pays à parier imprudemment sur sa poursuite. En provoquant simultanément une baisse de la demande et des cours, le ralentissement chinois impose une « double peine » aux exportateurs. Leurs exportations (mesurées en dollar) vers la Chine se contractent brutalement (au cours des 9 mois de 2015, la baisse a été de 20 % pour la Russie et l’Amérique latine et de 38 % pour l’Afrique subsaharienne), leurs importations de Chine progressent (+ 10 % environ) et la Chine dégage des excédents : le commerce n’est plus « gagnant-gagnant ». À quelques exceptions (Indonésie, Laos et Birmanie), l’Asie qui exporte peu de matières premières vers la Chine n’est pas affectée aussi brutalement.

Les échanges de la Chine avec les pays du Sud (échanges « Sud-Sud ») ont une structure « Nord-Sud », la Chine importe des ressources naturelles et exporte des produits manufacturés. Non seulement cette division du travail n’évolue pas, privilégiant les mines et le pétrole, les investissements des entreprises chinoises la renforce. Annoncées au FOCAC de 2006, les zones économiques spéciales attirent peu : les entreprises chinoises hésitent à s’engager dans le secteur manufacturier en Amérique latine comme en Afrique subsaharienne où l’investissement médiatisé dans l’industrie de la chaussure éthiopienne est l’exception qui confirme la règle.

Si les exportations chinoises montent en gamme, du low cost au high-tech, cette évolution caractérise davantage le « commerce de processing » – dominé par les entreprises étrangères – que le « commerce normal » qui est le fait des entreprises chinoises et qui maintiennent des spécialisations plus traditionnelles. Cela explique qu’au niveau mondial, les exportations chinoises dominent le low cost – leur part dans les importations américaines ou européennes d’habillement ou de jouets n’ayant pas beaucoup diminué depuis dix ans -. […]

Jean Raphaël Chaponnière, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°90 décembre 2015

Informations complémentaires

Auteur

Chaponnière Jean-Raphël

Mois

Pays

Chine