Asie : la BAII et la qualité des projets

Pour sa première année d’activité, l’Assemblée de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures s’est choisi le thème des « infrastructures durables ». Ce choix semble rhétorique au vu de la décision de financer deux projets dont l’un n’interdit pas les centrales au charbon et l’autre délègue des crédits à un intermédiaire financier sans accompagnement de clauses de respect environnemental. La décision japonaise de créer un fonds de 40 millions de dollars sur deux ans pour promouvoir le développement d’infrastructures de haute qualité arrive comme une réponse. Cette concurrence est de bon aloi.

FAITS

La Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, BAII, tenait son Assemblée annuelle (Corée du Sud, 16-18 juin 2017) sous le thème des « infrastructures durables », marquant ainsi l’importance des critères sociaux et environnementaux qu’elle s’est engagée à respecter (la Banque aspire, selon son président Jin Liqun 金立群, à être lean, clean and green).

Pourtant, deux dispositions contrevenant à ce mantra étaient adoptées :

  1. la stratégie de la banque dans le secteur de l’énergie. Elle respectera bien les accords de Paris de la COP21, mais rien ne mentionne qu’elle s’interdise de financer des centrales au charbon… Faille dénoncée par une trentaine d’associations civiles indiennes ;
  2. l’investissement de 150 millions de dollars dans le Fonds indien pour les infrastructures, géré par la branche Project Equity Company de l’Infrastructure Development and Finance Company Limited (IDFC), dont le portefeuille comprend des investissements massifs dans le secteur charbonnier. Les clauses relatives aux garanties fondamentales en matière environnementale et sociale des prêts de la BAII aux intermédiaires financiers sont – volontairement ? – trop imprécises pour empêcher leur violation.

En 2016, la BAII a approuvé des prêts pour 1,73 milliard de dollars (9 projets) ; fin mai 2017, leur montant cumulé s’élevait à 2,5 milliards.

Quelques jours avant cette assemblée, le 6 mai 2017, Taro Aso, ministre japonais des Finances, annonçait la création auprès de la Banque asiatique de développement d’un fonds de 40 millions de dollars sur deux ans pour promouvoir le développement d’infrastructures de haute qualité. Toshihiro Nikai, secrétaire général du Parti libéral-démocrate participait au sommet des Routes de la soie (Pékin, 14-15 mai 2017). Lors de ce sommet, Xi Jinping annonçait un nouvel apport de 124 milliards de dollars au développement de cette initiative. […]

Rémi Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°108 juillet-août 2017

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