À la suite du coup d’État mené par l’armée en Thaïlande le 22 mai 2014, Arnaud Leveau analyse la situation politique intérieure et régionale du pays et décrypte les nombreux défis auxquels les autorités thaïlandaises sont aujourd’hui confrontées.
Après plusieurs mois de crise et l’instauration surprise de la loi martiale le 20 mai 2014, l’armée thaïlandaise, dirigée par le général Prayuth Chan-ocha, a décidé de prendre les choses en main et de conduire le 22 mai le dix-neuvième coup d’État militaire de l’histoire moderne du royaume. L’armée a aujourd’hui tous les pouvoirs, le Sénat a été dissout et le Parlement ne fonctionne plus depuis l’échec des élections législatives de février boycottées par le Parti démocrate. À l’exception del’article 2 sur la monarchie, la Constitution de 2007, pourtant déjà rédigée sous « protection de l’armée », a été annulée. Plusieurs centaines d’intellectuels, d’universitaires, de journalistes, d’hommes d’affaires et politiques ont été convoqués par l’armée.
Au terme d’une période d’incarcération allant de quelques heures à plusieurs jours, ils ont été contraints de signer un document stipulant qu’ils renonçaient à toute action politique et commentaires critiques. Plusieurs universitaires et leaders des « Chemises rouges » – supporters de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra – se cachent ou ont déjà quitté le pays. Les médias restent sous un contrôle strict. Les informations en provenance des provinces du Nord et du Nord-Est, bastion du mouvement « rouge », restent parcellaires. Une chape de plomb est tombée sur le pays. Les purges ont déjà commencé au sein de l’appareil administratif, de la police et de l’armée. Elles affectent essentiellement les proches du clan Shinawatra et du Front uni pour la démocratie et contre la dictature (UDD, United front of Democracy against Dictatorship).