Népal : En crise profonde

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Après neuf ans de débats stériles, et poussés par l’urgence causée par le tremblement de terre dévastateur du 25 avril 2015, les parlementaires népalais ont adopté le 16 septembre, par 507 voix contre 25, avec l’abstention des 58 représentants du sud, une constitution créant la République démocratique fédérative du Népal.

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Description

FAITS

Les institutions se sont mises en place conformément au calendrier prévu par la nouvelle loi fondamentale. Le 11 octobre a été élu le Premier ministre : il s’agit de K.P.Sharma Oli, qui préside le parti communiste du Népal-Unifié marxiste-léniniste (CPN-UML) et un nouveau gouvernement a été constitué, qui regroupe ce parti, les maoïstes de l’UCP-N et les royalistes d’extrême-droite du RPP-N dont le chef, Kamal Thapa est devenu Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères. Le parti népalais du Congrès (NC) se retrouve donc dans l’opposition. Le 16 octobre, le parlement a choisi son « speaker » en la personne de Mme Onsari Gharti Magar, élue à l’unanimité : c’est une ancienne insurgée maoïste, âgée de 37 ans, qui appartient à une ethnie minoritaire. Une semaine plus tard, s’est tenue l’élection présidentielle qui a vu la victoire d’une femme, Mme Bidhya Devi Bhandari, membre du CPN-UML.

Tout semblait ainsi se mettre en ordre de marche pour qu’après des années d’incertitude, le Népal puisse enfin redémarrer et consacrer ses efforts à la reconstruction et au développement économique. C’est le contraire qui s’est produit.

À peine la constitution ratifiée dessinant les 7 régions fédérales du pays sur des critères économiques et non ethniques, les populations de la plaine du sud, le Terai, Madeshis à l’est et Tharus à l’ouest, se sont soulevées, furieuses de ne pas disposer d’une région qui leur soit propre. Depuis fin septembre, les manifestations se succèdent et sont souvent violentes puisque l’on compte déjà près de 70 morts. Or toutes les importations du Népal provenant de l’Inde, c’est-à-dire 98 % du total, traversent le Terai avant d’arriver à Katmandou. L’Inde, déjà mécontentée par plusieurs des dispositions de la constitution de son voisin (notamment celle qui refuse la nationalité népalaise aux époux étrangers de citoyens népalais) et qui a tendance à se considérer comme la protectrice des populations du Terai, a décidé de déconseiller à ses camionneurs, pour des raisons de sécurité, de franchir la frontière aussi longtemps que les troubles se poursuivraient. Ce n’est donc pas officiellement un blocus mais les conséquences en sont les mêmes : le Népal ne dispose plus de […]

                                                                                                             Michel Lummaux, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°90 décembre 2015

Informations complémentaires

Auteur

Lummaux Michel

Mois

Pays

Népal