Chine : Urbanisation versus autosuffisance alimentaire

1,00

Stimuler l’urbanisation pour développer le marché intérieur tout en évitant de procéder à des importations massives de produits agroalimentaires rendues nécessaires par une agriculture dont les meilleures terres sont avalées par l’urbanisation est une rude gageure. La transition, déjà bien engagée, de la Chine vers une économie fondée sur les activités urbaines va se poursuivre en contraignant les dirigeants à surmonter des contradictions, au risque de multiplier mécontentements et troubles et de mettre en péril la stabilité et l’harmonie auxquels ils tiennent par dessus tout.

Description

FAITS

Le passage à une société urbaine. Fin 2014, 54,8 % des 1,368 milliard de Chinois étaient des  urbains (données officielles, 26/02/2015) ; 40 ans auparavant, ils n’étaient que 17,3 % : le développement urbain n’avait pas la faveur durant la période maoïste. Depuis 1980, la croissance du parc de logements est plus rapide que celle de la démographie. Deux moteurs économiques planifiés se sont succédé pour provoquer cette explosion urbaine :

  • l’industrialisation : l’impératif d’exporter massivement des produits manufacturés a exigé une main d’œuvre importante qu’il a fallu loger ;
  • vingt ans après, c’est le développement de la consommation intérieure, caractéristique de la classe moyenne citadine (avec un niveau de dépenses de consommation 2,7 fois plus élevé que celui des ruraux en 2013), qui attise à son tour le phénomène.

Le fait que l’urbanisation soit, pour le Premier ministre Li Keqiang 李克强, le ressort essentiel de la croissance chinoise de demain, que les municipalités perçoivent 18 % de la valeur des terrains vendus aux promoteurs – sans compter d’autres avantages – et que la taille des appartements augmente ne peut qu’amplifier le mouvement.

De 2004 à 2014, le taux annuel d’urbanisation a été de 1,3 %. Pour conjurer la formation d’une bulle immobilière nourrie par le système bancaire occulte, le Plan pour une urbanisation « d’un nouveau type » publié par le Conseil des affaires d’État, l’a réduit à 0,9 % pour la période 2014-2020 en fixant l’objectif d’un taux de population urbaine à 60 % en 2020. […]

Rémi Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°82 mars 2015