Chine : Une Route techno-dystopique 

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Venant dans les fourgons des chemins de fer, autoroutes et autres gazoducs, la Route de la soie numérique et la mise en œuvre du « crédit social » pourraient être lourdes de conséquences socio-politiques en réduisant la capacité d’action dans les espaces démocratiques naissants.

Coming into the vans of railways, highways and other pipelines, the Digital Silk Road and the implementation of “social credit” could be fraught with socio-political consequences by reducing the capacity for action in nascent democratic spaces.

UGS : Asie21-Futuribles 126-1 Catégories : ,

Description

FAITS

En 2017, année où le président Xi Jinping décidait de transformer la Chine en une « cyber superpuissance », 170 millions de caméras de vidéosurveillance étaient déjà installées ;  400 millions devraient l’être en 2020.

Il présentait alors son pays comme « une nouvelle option pour les autres pays et nations souhaitant accélérer leur développement tout en préservant leur indépendance ». L’Internet chinois relevant de la souveraineté de la RPC, la loi détermine strictement ce qui peut y être dit ou non ; devenu un outil politique bâillonnant toute critique du régime, le système ne peut que plaire à ceux que la démocratie dérange.

En reliant la Chine au reste du monde plus sûrement qu’avec des voies de communication, la « Route de la soie numérique » devient l’élément central de cette Initiative. Depuis 2017, au moins 38 pays ont installé des systèmes de télécommunication fabriqués en Chine (Freedom House). Il s’agit en fait de mettre en place un système capable d’identifier la déviance au regard de la norme et notamment la menace pour l’ordre public.

L’offre a été saisie par certains régimes autoritaires de pays en développement (mais pas seulement) qui cherchent à moderniser leur infrastructure technologique au meilleur prix – notamment d’Afrique, parmi lesquels le Zimbabwe, la Zambie, la Tanzanie, le Soudan, l’Égypte, l’Éthiopie et le Nigéria. Huawei et ZTE – deux « sociétés privées » qui repoussent l’accusation d’être des agents d’exécution de la RPC – installent ainsi à travers le monde des systèmes de surveillance avec l’équipement de télécommunication.

La mise en place du « crédit social » aux caractéristiques chinoises devrait être effective en Chine en 2020, tandis qu’il s’implante à l’extérieur.

  • Au Zimbabwe, des milliers d’enregistrements biométriques seront partagés avec la partie chinoise sans consultation de la population. La journaliste zimbabwéenne Garikai Dzoma (The Diplomat) prédit que « les autocrates africains […] l’utiliseront sans doute pour renforcer leurs positions politiques en chassant leurs adversaires ». Elle aurait pu évoquer le risque d’ingérence chinoise dans les élections.
  • En Zambie, la critique du président Edgar Lungu sur les réseaux sociaux a déjà conduit pour diffamation plusieurs personnes en prison.
  • En Tanzanie – la Chine est son partenaire commercial le plus important – les relations, devenues de plus en plus étroites, ont abouti à plusieurs lois similaires à celles de la Chine.
  • Au Nigéria, une société […]

Rémi Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°126 mars 2019

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