Il y a 20 ans, la crise asiatique : des conséquences toujours d’actualité

La crise de 1997-1998 a marqué une rupture dans la trajectoire des économies asiatiques. Leurs réponses ont contribué à la crise mondiale de 2007. La réaction chinoise à cette dernière en suscitera-t-elle une nouvelle ?

Des représentantes d'agricultrices venues du Laos, d'Indonésie, du Vietnam, de Malaisie, de Corée du Sud, du Japon et de Thaïlande manifestent contre le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale devant le siège de la Bank of Thailand à Bangkok le 13 août 1999. (Crédits : AFP PHOTO/Pornchai KITTIWONGSAKUL)
Des représentantes d’agricultrices venues du Laos, d’Indonésie, du Vietnam, de Malaisie, de Corée du Sud, du Japon et de Thaïlande manifestent contre le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale devant le siège de la Bank of Thailand à Bangkok le 13 août 1999. (Crédits : AFP PHOTO/Pornchai KITTIWONGSAKUL)
  
La 2 juillet 1997, la crise asiatique démarre à Bangkok. En 1996, la Banque mondiale publiait un rapport sur le « miracle thaïlandais », quatre ans après son ouvrage sur les « miracles asiatiques ». Si des observateurs plus attentifs prévoyaient une crise en Thaïlande, aucun n’avait envisagé la contagion. En 1994, un article dénonçant le mythe de la croissance asiatique avait surpris : Paul Krugman y annonçait un ralentissement et non une crise.
 
À l’origine de cette crise, il y a l’accélération de la croissance asiatique à partir de 1985, lorsque l’endaka, la réévaluation du yen, inaugure « dix glorieuses ». A l’époque, on avait coutume de dire : « lorsque les Etats-Unis toussent, l’Asie attrape la grippe. » En 1991, la région n’a pas senti les effets de la récession américaine. Surprenant les marchés, cette résistance a créé l’euphorie et une ruée de capitaux vers ces pays qui avaient ouvert leur compte de capital. Préconisée par le FMI car elle facilite l’accès à l’épargne des pays avancés, cette mesure est encouragée par le Trésor américain car elle ouvre de nouveaux marchés à Wall Street ; cependant, elle est critiquée par le Conseil d’Analyse Économique américain qui met en garde contre ses conséquences pour des systèmes bancaires mal régulés.
 
Rassurés par l’ancrage implicite des monnaies asiatiques à la monnaie américaine, les emprunteurs s’endettent en dollar en profitant de la baisse des taux décidée par le FED après la récession de 1992. Par ailleurs, des fonds d’investissements empruntent à taux bas au Japon pour investir en Asie (« carry trade »). Cet afflux de capitaux finance des projets ambitieux, nourrit la spéculation, accélère la croissance et provoque des hausses de salaires alors que les exportations asiatiques commencent à être concurrencés par le « made in China ». Hausse des importations, baisse des exportations, les déficits courants se creusent et ils sont financés par des capitaux courts susceptibles de sortir à la première alerte.
 
 
Elle survient à Bangkok avec l’éclatement de la bulle immobilière au printemps 1997. Volant au secours de l’establishment financier, la Banque centrale, qui jouit d’une très grande réputation, maquille ses comptes et épuise ses réserves pour défendre le baht. Le 2 juillet, elle se résout à laisser flotter la monnaie thaïlandaise. Sa chute brutale […] lire la suite sur Asialyst en cliquant ici
 
 Jean-Raphaël Chaponnière, Asie21

Jean-Raphaël Chaponnière

Jean-Raphaël Chaponnière est chercheur associé à Asie21 (Futuribles) et membre d’Asia Centre. Il a été économiste à l’Agence Française de Développement, conseiller économique auprès de l’ambassade de France en Corée et en Turquie, et ingénieur de recherche au CNRS pendant 25 ans. Sa dernière publication avec M. Lautier : Les économies émergentes d’Asie, entre Etat et marché (Armand Colin, 270 pages, 2014).