Thaïlande : Virage diplomatique ?

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La Thaïlande traverse une nouvelle crise politique depuis l’arrivée de la junte au pouvoir après le coup d’État de mai 2014 qui lui vaut d’être tenue à l’écart notamment par les États-Unis, non sans ambiguïté. Cette situation et la complicité de deux régimes autoritaires (Chine, Russie) ont facilité le renforcement de la coopération avec la Chine. Celle-ci souhaite accéder au golfe de Thaïlande et ne ménage pas ses efforts pour entraîner le pays dans sa sphère d’influence. Bangkok doit tirer le meilleur des deux grandes puissances, le ressort économique chinois et le parasol stratégique américain. 

Description

FAITS

  • Rappels : après le coup d’État du 22 mai 2014, alors que Washington suspendait les visites de haut niveau dans le royaume, Pékin reconnaissait rapidement le chef de la junte, le général Prayut Chan-ocha, et jouait sur la faiblesse du royaume pour y élargir sa présence (IDE : 1,1 milliard de dollars en 2014). Pékin et Bangkok célébraient en 2015 le 40e anniversaire de la reprise de leurs relations diplomatiques. De nombreuses visites se succédaient entre Bangkok et Pékin, tandis que plusieurs accords bilatéraux resserraient leur coopération. Par ailleurs, d’importants accords économiques étaient signés avec la Russie.
  • Plus récemment 
    • En novembre 2015, la Chine et la Thaïlande mènent des exercices aériens pour la première fois (Falcon Strike 2015) ; les ventes d’armes se poursuivent, une négociation sur l’achat de 3 sous-marins d’attaque est engagée, véritable provocation de la part de Bangkok si l’on songe aux tensions nées en mer de Chine du Sud entre la Chine et les États-Unis ;
    • Le 14 novembre 2015, des dissidents chinois résidant en Thaïlande sont arrêtés par la police thaïlandaise et remis aux autorités chinoises, comme au mois de juillet précédent avaient été expulsés une centaine de réfugiés ouïgours ;
    • le 22 novembre 2015, signature de l’accord de mise à jour de la zone de libre-échange Chine-ASEAN entrée en vigueur 5 ans auparavant. Incluant les biens, les services, l’investissement et la coopération tant économique que technologique, cette actualisation est destinée à « créer une communauté de destins communs plus rapprochée entre la Chine et l’ASEAN ». Parmi ces accords, la réalisation de la liaison ferrée Kunming-Singapour.
  • De leur côté, après une période de refroidissement, les États-Unis reprennent contact :
    • en acceptant, non sans hésitation, de tenir leur dialogue stratégique avec la Thaïlande (16 décembre 2015) ;
    • en maintenant en février 2016 l’exercice bilatéral annuel Cobra Gold, mais à effectifs réduits comme en 2015 « pour montrer le désaccord américain avec la situation politique du royaume » ;
    • en recevant le général Prayuth parmi les […]

Sophie Boisseau du Rocher, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°93 mars 2016

Informations complémentaires

Pays

Thaïlande

Auteur

Boisseau du Rocher Sophie

Mois