Vent de fronde sur la Chine

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Depuis la visite des médias nationaux financés par le parti communiste de Xi Jinping, les événements de résistance se multiplient. À ceux-ci répondent une censure et une répression toujours plus stricte et sévère. Contrairement à ce que disent de nombreux commentaires sur la popularité sans faille du Parti et sur sa légitimité populaire, le désir de libre expression pourrait avoir pris le pas en Chine sur la croyance en la sagesse souveraine du Parti.

The less people know about China, the more optimistic they are. Fang Lizhi, 1988

Description

FAITS

  • Le 19 février 2016, après une tournée d’inspection dans les sièges des grands médias du Parti, CCTV, Chine nouvelle et Quotidien du peuple, Xi Jinping déclare le nouvel objectif du Parti en termes de contrôle médiatique : « La censure passive ne suffit plus, il faut passer maintenant à la propagande active »  (cf. Asie21 n° 93, Les médias, l’esprit du 19 février et le « renouveau » communiste).
  • Le 23 février, Ren Zhiqiang 任志强, un magnat chinois de l’immobilier, en protestation contre la déclaration de loyalisme ancillaire des médias gouvernementaux (cf. photos ci-contre) affirme que ceux-ci payés, par les impôts publics, ne peuvent être vendus au Parti. Par-là, il suppose l’impensable, à savoir la possibilité de dissocier la Nation du Parti. Plus encore, en posant la question : « Si les médias doivent suivre les directives du Parti, qui informera le peuple ? », il ose dissocier la propagande du parti du besoin d’information du peuple. Ses deux messages ont été effacés et son blog suivi par 37 millions de personnes en Chine (la moitié de la population française ! ) a été depuis censuré. Bien que certains cadres du Parti aient appelé à des sanctions sévères contre Ren, il n’a pas encore été l’objet de sanctions « légales » par le Parti/pouvoir.
  • Le 4 mars, une pétition signée par des « membres loyalistes du Parti » apparaît sur Internet demandant la démission de Xi Jinping. Il est difficile de savoir si la lettre a été écrite par des membres du Parti communiste ou par des dissidents à l’étranger qui auraient simulé une lettre de membres du Parti. La seconde hypothèse est privilégiée par le gouvernement qui a exigé de certains dissidents de proférer des excuses publiques pour la sécurité des membres de leur famille encore présents en Chine. La première hypothèse reste cependant tout autant voire plus probable.
  • Le 8 mars, un édito du portail d’information chinois en langue anglaise Caixin décide de protester ouvertement contre la censure par l’administration chinoise d’Internet (CAC*) d’un article d’un de leurs contributeurs Jiang Hong.
  • Le 29 mars, Yu Shaolei, le rédacteur en chef du Southern Metropolis Daily, a posté un message sur les réseaux sociaux pour annoncer sa démission au motif qu’il était trop vieux pour « continuer à se mettre à genoux » face au pouvoir. […]

Jean-Yves Heurtebise, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°94 avril 2016

 

cf. Asie21 n° 85 ” La prochaine loi chinoise sur la sécurité nationale inquiète “

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