Russie – Turquie : Crise russo-turque, réactions dans les pays turcophones

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Le 24 novembre 2015, le pilote d’un avion russe, qui effectuait une mission dans le nord de la Syrie pour bombarder les files de camions acheminant vers la Turquie du pétrole de contrebande vendu par l’« Organisation de l’État islamique », a été abattu par un chasseur turc. Il s’agit d’un secteur de la frontière syro-turque habité par des populations turcomanes vivant entre autres du trafic pétrolier entre les territoires occupés par l’« Organisation de l’État Islamique » et la Turquie. Celle-ci aurait voulu en faire une zone d’exclusion aérienne. Cet incident marque une rupture dans les relations de confiance et de coopération existant depuis plusieurs années entre les deux pays.

Description

FAITS

Vladimir Poutine a qualifié cet acte de « coup d’épée dans le dos ». Le président russe en a été d’autant plus affecté qu’il s’était beaucoup investi personnellement dans cette relation et que, dans un geste d’amitié, il avait invité le président Recep Erdogan à inaugurer en sa compagnie une grande mosquée de style byzantin à Moscou, le 23 septembre 2015. Quelques jours auparavant, Poutine  s’était excusé auprès de lui après qu’un appareil russe eut franchi par inadvertance l’espace aérien turc. Or, ce ne peut être qu’avec le feu vert du président turc que l’ordre a été donné de tirer. L’OTAN ne s’y est pas trompée et a réagi avec prudence aux protestations d’un allié aussi embarrassant. Le pilote turc, qui se trouve être membre de l’organisation ultranationaliste et passablement mafieuse des « Loups gris », s’est enorgueilli publiquement de ce fait d’armes. Il en résulte que les avions turcs survolant la Syrie courent désormais le risque d’être abattus à leur tour par des batteries de S400.

Les dirigeants des États d’Asie centrale ont réagi avec circonspection à cet événement et aux décisions du président Poutine de geler les relations de coopération avec la Turquie car ils ne veulent froisser ni l’un ni l’autre partenaire. L’embargo russe sur les produits en provenance de Turquie affecte le transit des marchandises turques vers les pays d’Asie centrale. Un incident à ce propos s’est déjà produit à la frontière russo-géorgienne où des douaniers russes ont refoulé des marchandises turques destinées au Kazakhstan.

Le président Poutine a donné instruction à toutes les régions ou républiques turcophones de la Fédération de Russie (Altaï, Bachkirie, Tatarstan, Touva et Yakoutie) d’interrompre tout contact avec l’organisation Türksoy, chargée du maintien du patrimoine culturel et matériel des peuples turcs. Son siège est à Istanbul et son directeur général est depuis plusieurs années l’ancien ministre de la culture du Kazakhstan, Düysen Kaseyinov. […]

Jean Perrin, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°90 décembre 2015

Informations complémentaires

Mois

Auteur

Perrin Jean

Pays

Russie, Turquie