Hong-Kong – Chine : Manifestations à Hong-Kong , la Chine démocratique résiste encore

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La marche de millions de manifestants contre le projet d’extradition manifeste le désir de liberté des hongkongais et l’échec de Pékin à rendre la Chine attirante même dans ses propres marges. Alors que tout le monde met en avant la faute personnelle de Carrie Lam, d’autres forces sont en jeu pour expliquer la suspension sine die de la loi d’extradition.

The march of millions of protesters against the extradition project demonstrates Hong Kong’s desire for freedom and Beijing’s failure to make China attractive even on its own fringes. While everyone points to Carrie Lam’s personal fault, other forces are liable to account for the sine die suspension of the extradition law.

UGS : Asie21-Futuribles 130-4 Catégorie :

Description

FAITS

Le 17 février 2018 Chan Tong-kai (陳同佳), né en Chine en 1998, devenu citoyen de Hong Kong, et étudiant d’échange a tué à Taïwan sa petite amie Poon Hiu-wing (潘曉穎), née à Hong-Kong en 1997, âgée de 19 ans et enceinte de cinq semaines au moment des faits. Chan Tong-kai est ensuite rentré à Hong Kong où il a confessé son crime. Cependant la police ne peut pas l’inculper de meurtre car celui-ci n’a pas eu lieu à Hong-Kong ni l’extrader à Taïwan, car il n’y a pas d’accord légal entre les deux territoires.

D’où la décision prise par Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif de Hong-Kong depuis mars 2017, de proposer un amendement à la loi sur les « délinquants en fuite et l’entraide judiciaire en matière pénale » en incluant Taïwan, la Chine et Macau. Si l’amendement permet de combler un vide juridique, il en crée également un autre du fait de la non-indépendance du système judiciaire chinois et du caractère vague de la « délinquance » sujette à extradition. Une manière « simple » de résoudre le problème aurait été de ne signer l’accord qu’avec Taïwan en reconnaissant à la république de Chine l’autorité nécessaire pour juger.

Déposé le 31 mars 2019, le projet de loi a été lu au Parlement le 3 avril.

  • Le 31 mars 2019 est le début des manifestations citoyennes qui n’ont cessé de prendre de l’ampleur – démontrant le caractère local du mouvement. Pour cette première marche, on comptait 10 000 participants.
  • Le 28 avril, la seconde, réunit 100 000 personnes.
  • Le 6 juin, ce fut aux avocats à leur tour de manifester. C’est là que le mouvement commença à attirer l’attention du reste du monde.
  • Le 9 juin, avant la seconde lecture de loi prévue le 12 juin, eut lieu la plus grande manifestation jamais organisée à Hong-Kong avec plus d’un million de personnes marchant du chemin Causeway au conseil législatif à Admiralty. Malgré cela, le gouvernement décida de maintenir la lecture prévue du projet de loi.
  • Le 12 juin une autre manifestation se produisit, cette fois réprimée durement par la police – à ce moment-là, le mouvement commença à prendre une tournure économique puisqu’une grève générale fut décidée par la confédération syndicale de Hong-Kong. Le mouvement reçut également ce jour-là le soutien du Diocèse catholique de Hong-Kong.
  • Le 14 juin eut lieu un sit-in organisé par des mères de l’Université chinoise de Hong-Kong pour répondre aux critiques de Carrie Lam disant que les parents devraient avoir honte des agissements de leurs enfants.
  • Le 15 juin, une suspension de la loi fut annoncée.
  • Mais, craignant une mesure de diversion, le 16 juin une manifestation fut organisée, réunissant entre 1,5 et 2 millions de personnes, c’est-à-dire plus d’un quart de la population totale, pour exiger le retrait définitif du projet de loi. [..]

Jean-Yves Heurtebise, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°130 juillet-août 2019

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