Eurasie : La face sombre des Routes de la soie

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Le système des Routes de la soie prend progressivement place, ici et là, dans les réseaux routiers et ferroviaires eurasiatiques. Il en est attendu un accroissement des échanges commerciaux à travers le continent. Il pourrait s’accompagner de risques pour la sécurité et la santé qui, pour l’instant, n’ont pas fait l’objet d’une réflexion approfondie. Le sujet mériterait pourtant une véritable « étude d’impact ».

Description

FAITS

La conférence internationale sur « L’Asie centrale : un passé et un avenir commun, coopération au nom du développement durable et de la prospérité » s’est tenue les 10 et 11 novembre 2017 à Samarcande, Ouzbékistan. Avec la « connectivité » comme fil rouge, les participants ont réfléchi aux potentialités régionales (carrefour de transports, d’infrastructures, d’échanges de données et d’idées). L’Union européenne devrait annoncer sa nouvelle stratégie pour l’Asie centrale en 2019, une façon de définir sa position vis-à-vis des Routes de la soie. Lesquelles se mettent en place en fonction des opportunités, ici, avec des prêts de la Chine, comme au Pakistan, ou là, moyennant un financement exclusivement local, comme celui de l’Azerbaïdjan pour la récente voie ferrée Bakou-Tbilissi-Kars.

Entre l’Asie et l’Europe, la « connectivité » s’améliore en effet et chacun s’en réjouit. Moins nombreux sont ceux qui, sans remettre en cause l’intérêt de l’initiative chinoise, se soucient de son utilisation par le trafic transfrontalier illicite (stupéfiants venus du Croissant d’Or et du Triangle d’Or, armes légères abondantes dans la région, organes, biens culturels, ivoire, etc.). Sans surprise, la drogue voyage en effet sur le tracé des routes de la soie, avec le risque de devenir à leur tour des corridors de consommation et de production. Ce phénomène se propage déjà dans les pays fragiles d’Asie centrale (inégalité économique, surpopulation rurale appauvrie par la pénurie d’eau et de sol fertile, effondrement des services sociaux de l’ère soviétique, chômage, jeunes marginalisés, islamisme radical…). Trois facteurs aggravent le processus : l’enchevêtrement ethnique, la présence en Russie de nombreux résidents originaires des anciennes républiques soviétiques et la quasi impossibilité de contrôler le flux croissant de marchandises entre l’Union économique eurasiatique et l’Union européenne.

Devenu un fait majeur dans la zone Asie centrale-Afghanistan-Pakistan, ce trafic qui profite du désordre et engendre la corruption a pénétré les rouages étatiques, imprégné toutes les couches sociales, ouvert des casinos où l’argent est blanchi et créé une économie de l’ombre qui tend à dépasser l’officielle. L’argent de la subversion alimente l’islamo-terrorisme et […]

Rémi Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°112 décembre 2017

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