CAMBODGE Hun Sen : dérives autoritaires risquées ?

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UGS : Asie21-Futuribles 102-10 Catégories : , Étiquettes : , , , , , ,

Description

La nouvelle condamnation par contumace de Sam Rainsy illustre un raidissement supplémentaire du pouvoir à Phnom Penh. Dans la perspective des élections de 2017 (municipales) et 2018 (législatives), le Parti du peuple cambodgien (PPC) du Premier ministre Hun Sen, affaibli après les élections de 2013, intensifie son contrôle sur la société et cherche à neutraliser l’opposition. Sommé par la communauté internationale de respecter le jeu démocratique (ie électoral), le pouvoir en place multiplie les intimidations afin de limiter les risques. Au point peut-être de générer une réaction incontrôlée ?

FAITS
Le 27 décembre 2016, le chef de l’opposition cambodgienne Sam Rainsy, qui vit en exil à Paris depuis 2015, était condamné par contumace à 5 ans de prison pour complicité de falsification de document public (un traité frontalier signé entre le Cambodge et le Vietnam en 1979) et incitation aux troubles. Dans ce faux document, le Cambodge et le Vietnam promettent de faire disparaître leur frontière commune. Sur le fond, l’opposition critique la manière dont la frontière de 1 270 km a été négociée et accuse le parti majoritaire de laisser le Vietnam empiéter sur le territoire cambodgien en utilisant de fausses cartes.
En novembre 2016, Hong Sok Hour, sénateur de l’opposition, est condamné à 7 ans de prison pour avoir remis en cause la délimitation de la même frontière ; une peine disproportionnée qui avait été considérée comme une « punition politique ».

Le 19 septembre, Hun Sen menace « d’éliminer » ceux qui manifesteraient contre son gouvernement, ceux qui détruiraient « la sécurité et l’ordre social ».
En juillet 2016, le climat d’intimidation s’était déjà aggravé avec le meurtre du politologue Kem Ley, critiquant le gouvernement à Phnom Penh en plein jour. Ses funérailles avaient été suivies par plusieurs centaines de milliers de personnes.

En 2014, des tensions sociales à propos d’expropriations abusives et de conditions de travail sévères (notamment dans le secteur du textile) avaient produit des manifestations de grande ampleur, fortement réprimées.

Aujourd’hui, une trentaine de personnalités (hommes politiques ou représentants d’ONG) sont emprisonnés pour avoir dénoncé les excès de la famille de Hun Sen. […]

Sophie Boisseau du Rocher, Asie21