MONGOLIE  Entre Chine et Russie, un petit plus pour Moscou

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Un article de la précédente Lettre Asie21 publiait sous la plume de Patrick Dombrowsky un article consacré à une Mongolie tentant de se dégager d’une économie fondée sur les ressources considérables de son sous-sol. Celui-ci en prend la suite en évoquant l’arrivée d’une nouvelle équipe gouvernementale. Le président Khaltmaa Battulga et son Premier ministre Khurelsukh Ukhnaa, issus de deux partis opposés, vont devoir assumer une cohabitation, ce qui est loin d’être l’idéal pour conduire une politique économique radicalement différente de l’exploitation de la rente minière des décennies passées. Le tout sous l’œil attentif de Pékin, de Moscou et des grandes compagnies minières internationales.

Description

FAITS

Depuis le 7 juillet 2017, le 5e président de Mongolie, Khaltmaa Battulga, du DP de centre-droit, est prorusse alors que son prédécesseur, Tsakhia Elbegdorj, penchait vers Pékin. Les électeurs ont été sensibles à la ligne nationaliste, anti-oligarchie et antichinoise de la campagne de Battulga. Ses promesses :

rééquilibrer les exportations (la Mongolie devra réduire le lien commercial avec la Chine),

diversifier les bases économiques du pays (les variations récentes du cours du charbon, dépendant de la demande chinoise, ont renforcé la méfiance des Mongols à l’égard d’une mono-économie minière),

traiter sur place le minerai mongol et ouvrir une voie ferrée – au gabarit russe de 1520 mm – vers les ports russes sur le Pacifique.

L’homme fort n’aura cependant pas les mains totalement libres, contraint à une cohabitation – au moins jusqu’aux prochaines législatives, en 2020 – avec un Parlement où le parti d’opposition, le MPP, dispose de la majorité (65 sièges sur 76) et avec un nouveau Premier ministre Khurelsukh Ukhnaa issu de ce même parti et réputé proche de Pékin. Par ailleurs, la Chine dispose toujours des moyens de ne pas être tenue à distance. 

La Chine, plus gros investisseur dans le pays et premier importateur de produits miniers mongols, cuivre et charbon, a:

  • adouci le régime des taxes sur les produits provenant de Mongolie,
  • simplifié ses procédures douanières en sa faveur,
  • réorganisé le service de fret Mongolie-Corée du Sud pour réduire de moitié la durée du transport, accordé un accès permanent au port de Tianjin.

En outre, ces incitations ont du sens pour Pékin : le Corridor économique Chine-Mongolie-Russie est une voie cruciale pour l’initiative des Routes de la soie.

Le Corridor économique Chine – Mongolie – Russie. Ces trois pays ont approuvé le projet en juin 2016. L’objectif est de contribuer à l’intégration des trois entités que sont :

  • la Route de la soie,
  • l’Union économique eurasiatique,
  • la Route de la steppe.

Il s’agit de desservir les gisements de minerai par la voie ferrée et les zones d’activité à créer, notamment transfrontalières. Pékin prévoit d’y consacrer un total potentiel d’investissements cumulés de 90 milliards de dollars d’ici à 2035 pour des projets connexes.

La Russie, de […]

Rémi Perelman, Asie2

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°110 octobre 2017

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