Asie : Duels ferroviaires sino-japonais en Asie du Sud-Est

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Deux importants projets de ligne ferroviaire moderne sont sur le point de se conclure en Thaïlande et en Indonésie après avoir mis aux prises entreprises chinoises et japonaises. Les péripéties qui ont marqué les négociations sont révélatrices de l’âpreté de la concurrence et du comportement rigide de la partie chinoise, peu habituée à considérer les valeurs propres des pays concernés par leurs projets, comme elle l’avait été en Birmanie, à propos du barrage de Myitsone dont la construction par China Power Investment Corporation est suspendue depuis 2011 en raison de l’hostilité manifestée par une partie de la population (cf. Asie21 n° 71, La Chine, grand bâtisseur de barrages).

Description

FAITS

Deux importants projets de ligne ferroviaire moderne, opposant, en Thaïlande et en Indonésie, des constructeurs chinois et japonais illustrent le peu de cas que fait la partie chinoise, quelquefois à ses dépens, du partenaire avec lequel elle prétend coopérer.

  • Thaïlande. En août 2015, China Railway Construction Corporation l’emportait sur son concurrent japonais pour la construction de la nouvelle ligne Nong Khai-Bangkok-Map Ta Phut, 872 km, pour un coût de 16 milliards de dollars. Avec ce tronçon de la ligne Kunming-Singapour, Pékin voyait aboutir ses efforts pour assurer l’inter connectivité entre la Chine et l’Asie du Sud-Est, une branche de la Route de la soie lancée en 2013 par Xi Jinping. L’accord sonnait comme les prémisses d’une fructueuse coopération : ports, aéroports, routes, etc. Mais, au motif que la continuité d’une ligne de transport entre Kunming et le golfe de Thaïlande profiterait davantage à la Chine, la Thaïlande exige de celle-ci une augmentation de sa participation. Au refus chinois, la Thaïlande réplique en estimant excessif le taux de 4 % du prêt et s’offusque de se voir réclamer, avec une insistance mal venue, des droits sur des terrains proches de la future voie en vue de leur « développement »*. Le 23 mars 2016, la Thaïlande informe la Chine qu’elle a décidé de s’en tenir au tronçon Bangkok-Nakhon Ratchasima, 271 km, et de le financer seule, sans solliciter de prêt. Les travaux sont cependant confiés à la Chine qui dispose du savoir-faire pour la grande vitesse. L’entrée en service est prévue en 2020.
  • Indonésie. Le projet du premier tronçon Jakarta-Bandoeng, 142 km, de la future ligne à moyenne vitesse Jakarta-Surabaya, 730 km, est étudié par le Japon depuis 2008. En 2014, peu après son élection, le président Joko Widodo fait lancer un appel d’offres. Les propositions sont étudiées au cours de l’été 2015.
    • Le Japon, avec la technologie du Shinkansen, estime le coût à 4,4 milliards de dollars et offre un prêt avantageux, sur 40 ans à 0,1 % d’intérêt avec une période de grâce de 10 ans ; mise en service : 2021.
    • La Chine évalue le montant des travaux à 5,5 milliards de dollars assorti d’un prêt de 4 milliards de dollars au taux de 2 %, sur 50 ans, mise en service : 2019.

À peine la proposition chinoise acceptée, le gouvernement indonésien […]

Rémi Perelman, Asie21

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Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°94 avril 2016

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