Asie : Après Mossoul, l’islam radical en Asie

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Après la bataille de Mossoul, le groupe État islamique, EI, va tenter de se refaire en Asie où vivent près d’un milliard de musulmans. Une stratégie fondée non seulement sur l’action violente mais sur l’utilisation missionnaire des combattants du Moyen-Orient et des travailleurs du Golfe de retour dans leurs pays d’origine, et le recrutement de jeunes musulmans discriminés, notamment en Inde. Le chemin sera tortueux, car sans même compter les armées occidentales, l’EI devra affronter l’hostilité d’Al-Qaïda, de l’Iran et des chiites comme celle des musulmans de la mouvance soufie.

 

Description

FAITS

Pourchassé au Moyen-Orient, l’islam radicalisé va chercher des troupes en Asie. Mis à part les pays où son activité est permanente (Afghanistan, Pakistan…) et procède à des attentats ponctuels ailleurs, il n’a pas encore exploité le quasi milliard de musulmans qui s’y trouvent. Quelques signes cependant montrent qu’il y travaille.

Le retour des combattants du Moyen-Orient et des travailleurs du Golfe

Ce retour inquiète les pays d’origine des combattants :

  • ceux d’Asie centrale, où leur nombre dépasserait 4 000, n’y sont pas préparés,
  • la Chine redoute que celui des 3 500 Ouïgours du Turkistan Islamic Party, TIP – partis en Syrie avec la complicité de la Turquie – ne transforme le Xinjiang en « Afghanistan »,
  • l’Indonésie, qui en attend quelques centaines.
  • Par ailleurs, l’Arabie saoudite en crise renvoie chez eux par milliers des travailleurs indiens et pakistanais radicalisés durant leur séjour.

L’action violente, quelques exemples (2016) 

En février, en Inde, la National Investigation Agency interrompt plusieurs projets d’attentats de l’EI contre des étrangers à Mumbai, Pune, Bhopal et dans l’État de Goa.

Au Bangladesh, en juillet, inspirés par Zakir Naik, un « télécoraniste » indien installé à Dubaï (Peace TV, chaîne de prédication musulmane majeure), des djihadistes de la société aisée de Dacca assassinent 29 personnes et en blessent 50.

En Afghanistan, à Kaboul, un attentat de l’EI vise un défilé pacifique de la minorité chiite Hazara (80 morts, 231 blessés).

Le recrutement

L’Iran recrute par centaines de jeunes chiites afghans pour défendre le régime de Bachar el-Assad et implante en Inde un centre de rayonnement du chiisme, l’Imam Khomeini Memorial Trust à Kargil (Jammu-et-Cachemire), offrant des bourses d’étude aux jeunes Indiens et Pakistanais.

L’Arabie saoudite, inquiète de l’influence iranienne dans la communauté chiite indienne, finance la construction d’universités islamiques et de mosquées et leurs animateurs (40 mosquées à Bangalore malgré l’opposition violente des musulmans locaux). Elle recrute de jeunes musulmans indiens de la classe moyenne dans les États indiens du Kerala, de l’Uttar Pradesh et du Karnataka pour combattre au sein de l’EI. En Indonésie, les universités islamiques, comme celle de Ciputat, soutiennent ouvertement les thèses de l’EI.

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Rémi Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°100 novembre 2016

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Mois

Auteur

Perelman Rémi

Région

Asie