Asie centrale : L’eau de la discorde

L’Asie centrale est caractérisée par son aridité, comme la mer d’Aral en donne l’image. Les ressources en eau, nécessaires pour la vie de près de 70 millions d’habitants aujourd’hui, y seront très critiques en 2050. La rétention de l’eau par les pays de l’amont et l’augmentation des besoins engendrent une pénurie croissante et, avec elle, une situation potentiellement conflictuelle. La ressource en eau provient des glaciers des massifs montagneux adossés à la Chine. Ils donnent ainsi naissance à l’Amou Darya, au Syr Darya, comme à l’Irtych et à l’Ily. De multiples facteurs, parmi lesquels la gestion de l’eau « aux caractéristiques chinoises » font de leur eau une denrée convoitée.

FAITS

Une étude du MIT de 2016 et une carte de l’Institut des ressources en eau indiquent que le niveau de stress hydrique de l’Asie centrale (61,4 millions d’habitants en 2009 / 69,3 en 2016) est l’un des plus élevés au monde et que la situation des ressources en eau y sera très critique en 2050. Au réchauffement atmosphérique et à la pollution s’ajoutent la rétention de l’eau par les pays amont et l’augmentation des besoins (industrie, population croissante). Résultat : la pénurie crée une situation conflictuelle.

L’Asie centrale est arrosée principalement par deux couples de fleuves transfrontières.

L’Amou Darya et le Syr Darya. Leur amont (60 % environ de la ressource en eau d’Asie centrale) est contrôlé par le Kirghizistan et le Tadjikistan. En sont tributaires l’Ouzbékistan, le Turkménistan et le Kazakhstan pour partie. Réglée auparavant au sein de l’URSS, la répartition de l’eau dépend depuis 1991 d’accords entre nations indépendantes dans un climat de « foire d’empoigne », car elles souffrent de coupures d’électricité chroniques et d’une pénurie d’eau grandissante. Précédées par l’époque soviétique des cultures irriguées intensives aux effets néfastes (cf. le coton ouzbek), les deux dernières décennies ont vu se développer les mauvaises pratiques de consommation (les cinq pays se classent parmi les plus dépensiers au monde), de stockage et d’irrigation, la corruption, les taux élevés de natalité, les différences politiques, des politiques économiques défectueuses.

L’Irtych et l’Ily, tous deux nés dans le Xinjiang, arrosent le Kazakhstan, le premier prolongeant son cours en Russie, où il se jette dans l’Ob. Le développement de l’extrême nord-ouest de la Chine, conduit celle-ci à […]

Rémi Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°105 avril 2017