Chine – Corée du Sud – Corée du Nord : Le grand échiquier coréen

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Les rodomontades balistiques de Kim Jong-un menacent d’avoir pour dommage collatéral la stabilité des relations entre la République populaire de Chine et la Corée du Sud. Le problème est complexe car il intègre quatre éléments : Chine, Corée du Sud, Corée du Nord et États-Unis (voire cinq, avec le Japon). D’un côté, les agissements de la Corée du Nord poussent la Corée du Sud à se rapprocher des États-Unis devant l’impuissance de la Chine à maîtriser son allié. De l’autre, la peur d’un tel rapprochement entre la Corée du Sud et les États-Unis pousse la Chine à accepter les sanctions des États-Unis contre la Corée du Nord. La Chine semble deux fois perdante et la Corée du Nord est devenue le grain de sable majeur de sa stratégie régionale.

Description

FAITS

Le 6 janvier 2016, la Corée du Nord procède à un essai nucléaire dont la nature exacte n’est pas précisée (un test raté de bombe hydrogène). Le 7 février, la Corée du Nord procède au lancement d’un satellite en utilisant une technique pouvant être utilisée pour le lancement d’armes balistiques (et donc aussi d’ogives nucléaires).

  • Cette double violation des accords internationaux que doit respecter la Corée du Nord est vivement décriée par le Japon et la Corée du Sud – ce qui renforce le timide rapprochement inauguré par la reconnaissance le 28 décembre 2015 par le Japon du préjudice causé par l’armée japonaise envers les « femmes de réconfort » coréennes. Certes, cette reconnaissance n’est pas une première, cela fut déjà fait en 1993, 2007 et en 2014. Mais, ce qui est nouveau, c’est l’importante compensation financière de 8 millions d’euros consentie par le Japon qui a conduit la présidente de la Corée du Sud à déclarer le différend définitivement réglé.
  • Elle pousse également la Corée du Sud à se rapprocher des États-Unis afin de mettre en place un système de défense anti-missiles (Terminal High Altitude Area Defense System ou THAAD) – au grand dam de la Chine. Mais la ratification de l’accord est suspendue le jour où devait commencer les discussions pour sa mise en place le 23 février 2016.

Le 25 février, les États-Unis et la Chine annoncent avoir trouvé un accord pour alourdir les sanctions à l’égard de la Corée du Nord (ce que la Chine avait toujours refusé prétextant l’inutilité de telles sanctions).

Le 5 mars, après les nouvelles déclarations de la Corée du Nord affirmant qu’elle pourrait recourir à son arsenal nucléaire de façon préventive, la Corée du Sud et les États-Unis ont finalement signé l’accord pour l’ouverture des discussions sur la mise en place du THAAD. […]

Jean-Yves Heurtebise, Asie21

 

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°93 mars 2016

Informations complémentaires

Auteur

Heurtebise Jean-Yves

Mois

Pays

Chine, Corée du Nord, Corée du Sud