Le Kazakhstan sous les menaces

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Le Kazakhstan a connu dans des temps récents des soubresauts inhabituels pour ce pays, qui pendant longtemps a paru moins exposé aux convulsions affectant ses voisins. On peut redouter une déstabilisation du pays sous l’influence d’actions guidées de l’étranger en prévision d’une succession du pouvoir.

Description

FAITS

Le Kazakhstan avait été éprouvé par l’attentat terroriste d’Aktöbe, le 4 juin 2016, au cours duquel 25 personnes dont des hauts fonctionnaires avaient été tués. Une autre action du même genre s’est produite le 18 juillet à Almaty. Un individu, ancien repris de justice condamné pour pillage et détention d’armes, a ouvert le feu sur un commissariat de police, tuant 9 policiers.

Le président Nazarbaïev a qualifié les auteurs de l’attentat d’Aktöbe d’adeptes de « courants radicaux pseudoreligieux » agissant sur instruction de l’étranger. On a constaté en effet que les terroristes recevaient des instructions d’une base arrière située au Daghestan. Dans le cas de l’attentat d’Almaty, le caractère « salafiste » de cette action était moins évident. Il existe cependant dans les faubourgs de cette capitale régionale un village dont les habitants venus d’autres régions professent une nouvelle forme d’islam sunnite et où les femmes sont voilées de noir, même en été. Ces villageois, dit-on, s’isolent volontairement de leurs autres compatriotes et ils n’écoutent pas les anciens.

On a appris tout récemment que deux Kazakhstanais, anciens délinquants, et un Kirghize avaient été arrêtés le 18 août 2016 dans la région d’Almaty : ils projetaient des attentats contre des unités de garde-frontière et de l’armée, contre de hautes personnalités des organes de sécurité et de la Direction spirituelle des musulmans du Kazakhstan. Ils avaient envisagé aussi de détourner un avion civil ou militaire sur l’aéroport de Taldykorgan dans le but de réaliser un 11 septembre à la kazakhe.

Historiquement, l’islam kazakh est plus tardif que l’islam ouzbek. Les Kazakhs pratiquants se rattachent plutôt à l’école hanafite, mais l’ensemble de la population est surtout tengriste, c’est-à-dire adepte de croyances chamaniques préislamiques. Il existe aussi des confréries soufies de l’école naqchbandi. Les villages salafistes sont faciles à localiser et, en cas de nouveaux attentats, on ne peut exclure des pogromes. Ces communautés rejettent l’État. Celui-ci est puissant, mais les autorités ne sont pas toujours très motivées, alors qu’en Ouzbékistan des mesures d’exception ont été prises depuis longtemps. Or, depuis les incidents de Janaozen (16 décembre 2011), rien n’a changé (cf. Asie21 n°47, « Le Kazakhstan après les troubles de Janaozen »). Il existe aussi des connivences et des complicités avec la police (trafic de téléphones mobiles et de pièces d’automobiles).

ENJEUX […]

Jean Perrin, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°98 septembre 2016

 

 

cf. Asie21 n°47, « Le Kazakhstan après les troubles de Janaozen »