Le Pakistan de plus en plus islamisé

Le Pakistan entretient des relations floues avec l’islamisme. Il le combat en luttant contre les mouvements radicaux qui l’importunent mais le soutient en apportant son aide à d’autres mouvements, en particulier ceux qui opèrent en Afghanistan et dans la partie du Cachemire administrée par l’Inde. De plus, les mesures administratives prises sur le plan intérieur traduisent une islamisation de plus en plus forte de la société. Les partis islamistes radicaux s’enhardissent bien que leurs résultats électoraux soient faibles. Face à eux, le gouvernement impuissant et inconsistant laisse faire ; il capitule.

FAITS

Le Pakistan a libéré Mullah Abdul Ghani Baradar, l’ancien numéro deux et co-fondateur du mouvement des talibans afghans. Il était emprisonné depuis février 2010 suite à une opération conjointe américano-pakistanaise. 

Majoritairement, les Pakistanais préfèrent l’enseignement traditionnel basé sur le coran. C’est ce que montre une étude publiée en 2003 par Matthew Nelson1. L’étude est corroborée par les observations actuelles.

Le gouvernement provincial du Khyber-Pakhtunkhwa a interdit la présence de personnalités masculines dans les manifestations organisées par les écoles de filles. Désormais seules pourront être invitées des élues féminines (ministres, membres du parlement, hauts fonctionnaires).

Le 30 octobre 2018, la Cour suprême a déclaré Asia Bibi non coupable. Il s’agit d’une chrétienne condamnée à mort en 2010 pour blasphème envers le prophète Mahommed. Elle était emprisonnée depuis 2010. En 2011, le gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, qui avait pris sa défense, avait été assassiné. Son assassin a été exécuté en 2016 et sa tombe est devenue un sanctuaire où se recueillent des militants extrémistes. De même fut tué la même année le ministre chrétien des minorités religieuses, Shahbaz Bhatti.

Dès que le jugement a été connu, le TLP a déclenché de violentes manifestations dans toutes les grandes villes et demandé son abrogation.

  • Hafiz Mohammad Saeed, chef du JuD et de la FIF, a apporté son soutien.
  • Il en a été de même de la part du Maulana Fazl-ur-Rehman, chef du JUI (F). 
  • Le chef du JUI (S), le Maulana Sami-ul Haq, a formulé la même demande mais a été assassiné à Rawalpindi le 2 novembre 2018.

L’assemblée du Baloutchisan a demandé, à l’unanimité, la cassation du jugement de la Cour suprême.

Le gouvernement avait initialement déclaré vouloir arrêter les manifestants, au besoin par la force. Mais en fait, il a négocié avec […]

Alain Lamballe, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°122 novembre 2018

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