Indonésie : La vision maritime du président Jokowi

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L’Indonésie n’avait jamais prêté attention à sa dimension maritime et pendant longtemps, la mer a été considérée comme une menace. Joko Widodo est le premier président à la considérer comme un atout. Transformer l’archipel en « axe maritime global » en investissant dans des infrastructures fiables et en rétablissant l’autorité de l’État sur cet espace, permettrait de valoriser sa position géostratégique de premier plan, entre les océans Indien et Pacifique et d’exploiter de précieuses ressources. Si l’initiative séduit, tant le décalage entre le potentiel et la capacité maritimes indonésiens est flagrant, la mise en œuvre est plus difficile.

Description

FAITS

Annoncé pendant la campagne électorale, la vision maritime de Joko Widodo est mise en œuvre dès sa prise de fonction présidentielle autour de 4 axes principaux :

  • la consolidation de l’encadrement institutionnel avec la création d’un ministre coordinateur des affaires maritimes ; les ministères des transports, des affaires maritimes et de la pêche, du tourisme, de l’énergie et des ressources minérales passent sous son autorité. L’Agence de coordination des affaires maritimes (BAKAMLA remaniée en 2014) jouera un rôle d’interface, notamment entre le gouvernement central et les régions et/ou les acteurs non étatiques ;
  • la mise en place d’une infrastructure digne des ambitions présidentielles avec la construction de 24 ports en eaux profondes et le lancement d’autoroutes maritimes (six milliards de dollars seront investis) ; le secteur de la construction navale doit aussi être modernisé ;
  • la protection de la souveraineté nationale afin de réduire le nombre d’incursions illégales (5 400 recensées en 2014 pour une perte annuelle estimée à deux milliards de dollars). Des navires étrangers sont coulés et de nombreux bateaux (notamment chinois, malaisiens, philippins, thaïlandais et vietnamiens) régulièrement confisqués. Le 19 mars 2016, au large des îles Natuna, les garde-côtes chinois ont récupéré par la force un chalutier arraisonné par l’Indonésie, générant une crise diplomatique toujours ouverte ;
  • le doublement du budget de la marine nationale d’ici 2020 pour que l’Indonésie se dote d’une marine de « haute mer » moderne : en 2015, il est estimé que 59 % des équipements de la marine ont plus de 30 ans. […]

Sophie Boisseau du Rocher, Asie21

Jokowi teste Pékin après l’arrestation de bateaux de pêche illégaux (cf. article D. Schaeffer dans ce même n°).

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°94 avril 2016

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