Australie – Chine : Le port de Darwin, chinois pour 99 ans

1,00

Une société filiale de Landbridge Group, un important conglomérat « privé » chinois est en passe de gérer le port de Darwin (Territoire du Nord). L’information a déclenché une bataille politique en Australie, quant aux menaces susceptibles de peser à terme sur la sécurité du pays. Le parti au pouvoir – libéral – est le tenant d’une position formelle (privé, c’est privé !) tandis que pour l’opposition travailliste et un think-tank public, soupçonnant la Chine d’entrisme, le gouvernement a été superficiel à l’excès. Darwin, à l’entrée de l’océan Indien, prend place dans la Route chinoise de la soie maritime du 21e siècle. L’affaire se corse avec l’irritation de Washington, qui n’a pas été consultée, alors que Darwin occupe une position stratégique dans l’établissement du « pivot » asiatique du président Obama.

Description

FAITS

Le 13 octobre 2015, la société de droit australien Landbridge Industry Australia Pty Ltd a remporté le contrat de gestion pour 99 ans du port de Darwin, capitale du Territoire du Nord, située sur la mer de Timor. Son capital appartient en totalité à un conglomérat « privé » (pétrole, logistique portuaire, commerce international – minerai, soja, bois – construction, hôtellerie) Landbridge Group, LG, avec siège à Rìzhào 日照 (Shandong).

En Australie, cet accord a déclenché une sérieuse polémique. Pour le Territoire qui a négocié les termes du bail, le statut privé du bénéficiaire ne peut être contesté ; de même, au niveau fédéral, le département de la défense et l’organisme chargé d’examiner les projets étrangers d’investissement, l’opération est formellement recevable au regard de la sécurité.  Selon l’opposition parlementaire (travailliste) et l’Institut australien de politique stratégique, ASPI, un organisme public, ces examens ont été superficiels, car il est inimaginable que les activités d’un conglomérat aussi important que LG ne soient pas, de facto, guidé ou contrôlé par le Parti et par l’Armée populaire de libération (APL). L’APL à qui LG apporte des services de transport et de logistique et, en cas de guerre ou d’état d’urgence, l’appui de ses milices populaires armées  lesquelles participent à des exercices militaires avec l’APL. Le niveau fédéral a choisi de les interpréter comme des « équipes de pompiers»… Rappel : la Chine, premier investisseur étranger dans le pays, devant les États-Unis et premier partenaire commercial de l’Australie (110 milliards €/an), et ont signé en juin 2015, un accord de libre-échange.

Porte d’entrée vers l’Asie, base nord de la Navy australienne, ce site, hautement stratégique, a été choisi par Washington comme[…]

Rémi Perelman, Asie21

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°90 décembre 2015

Informations complémentaires

Auteur

Perelman Rémi

Mois

Pays

Australie, Chine