Le ralentissement économique de la Chine est-il vraiment une perte pour les pays de l’OCDE ?

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Le ralentissement économique de la Chine est maintenant un fait avéré. Il convient d’en mesurer les conséquences : sont-elles seulement négatives pour les pays de l’OCDE comme certains analystes l’affirment ?

Description

FAITS

Lors du 5e plenum d’octobre 2015, la Chine a baissé son objectif annuel de croissance à 6,5 %. Ce serait la plus mauvaise performance économique de la Chine depuis 25 ans – en 2009 au plus fort de la crise, le PIB avait baissé à 6,2 % au premier trimestre (du moins selon les chiffres officiels).

La difficulté de s’assurer du bien-fondé des chiffres du PIB donnés par la Chine a incité à chercher d’autres indicateurs économiques. L’idée émise par le Premier ministre Li Keqiang d’analyser les données relatives à la consommation d’électricité et au fret ferroviaire a été souvent mise à contribution. Certes ces données sont imparfaites : elles valent surtout pour les régions industrielles et on ne peut extrapoler pour l’ensemble du pays. Mais même si elles ne permettent pas de définir la valeur précise du PIB, elles corroborent largement l’hypothèse du ralentissement.

On a parfois soutenu que ce ralentissement économique traduirait la réorientation de la Chine vers une économie moins dépendante des investissements et plus centrée sur la consommation. Or :

  • la part de l’investissement dans le PIB total est passée de 25 % en 1990 à 47 % en 2014,
  • tandis que la consommation domestique a ralenti passant de 45 % du PIB en 2001 à 36 % en 2014 (même si, en valeur absolue, elle est passée de 571 Mds $ en 2000 à 3.415 Mds$ en 2013).

Quant à la baisse de consommation électrique, on l’a mise en rapport avec une croissance de la tertiarisation de l’économie : la production industrielle étant la plus gourmande en énergie. Mais :

  • l’essor des services s’est fait, de 1985 à 2013, aux dépens principalement de l’agriculture et non de l’industrie ;
  • si la part des services dans le PIB prime sur celle de l’industrie depuis 2013, cela pourrait être dû à un ralentissement de la croissance industrielle (causé par la surproduction). Plus encore, le fait que le ralentissement économique survienne au moment même où la part relative aux services dans le PIB devient prépondérante semble indiquer que l’économie des services ne pourra servir de substitut à la croissance issue de la production industrielle.

Le ralentissement en cours est donc non seulement avéré mais aussi prévu pour durer. […]

Jean-Yves Heurtebise, Asie21

Yves-Heng Lim, Université Catholique Fujen (Taiwan)

Extrait de la Lettre confidentielle Asie21-Futuribles n°90 décembre 2015

Informations complémentaires

Pays

Chine

Auteur

Heurtebise Jean-Yves

Mois