L’État-parti chinois et les multinationales, l’inquiétante alliance

de Jean-Paul Guichard, L’Harmattan, septembre 2014

Une « grande alliance » de l’oligarchie rouge de la Chine et du management des entreprises multinationales, est-ce possible et en quoi cela peut-il nous concerner ? C’est à ces questions que répond l’auteur.

L’Europe est dans le marasme alors que la Chine, aux inégalités particulièrement criantes, étale une insolente croissance. La Chine mercantiliste, grâce à ses pratiques protectionnistes agressives que le reste du monde a la faiblesse de tolérer, réalise d’énormes excédents qui sont la contrepartie des déficits de ses partenaires. L’auteur se demande pourquoi les pays riches ne se protègent-ils pas d’une concurrence déloyale afin de préserver leur tissu industriel et d’arrêter le processus de désagrégation ? Le consensus qui prévaut dans les pays développés en faveur du maintien du statu quo dans les relations commerciales internationales est le fait des multinationales, grâce aux joint-ventures et aux transferts de technologie, et grâce à la sous-traitance dont les donneurs d’ordre sont des entreprises occidentales ou japonaises. Le Parti communiste chinois leur offre une main d’œuvre exploitable à merci, donc une aubaine pour les profits. Cela explique cette grande alliance. Plus les salaires sont bas et le yuan sous-évalué, plus leurs profits sont élevés. De puissants lobbies constitués de multinationales et d’institutions du monde de la finance influencent les États occidentaux pour que soit maintenu le statu quo dans les relations avec la Chine. Ainsi,  explique l’auteur, la Chine est en route vers l’hégémonie mondiale. Et les entreprises chinoises aspirent à devenir des leaders mondiaux face à de multinationales qui ne disposent plus des mêmes appuis et qui sont deviennent maintenant des proies potentielles pour les nouveaux champions industriels.

Ainsi, dans l’état actuel des choses, les pays occidentaux vont être obligés de diminuer toujours davantage les salaires, ce qui engendre une véritable régression sociale qui porte en elle le déclin des pratiques démocratiques. Ainsi, la Chine est en train de façonner un monde à son image, inégalitaire à l’extrême, totalitaire, avec le concours des multinationales. L’auteur apporte la démonstration tout au long de son livre de cette dynamique mondiale extrêmement préoccupante.

Le livre, divisé en huit chapitres et un épilogue, aborde 1- la crise et son déni, 2- les multinationales et la Chine, 3- l’organisation de la société chinoise et la nécessité du nationalisme, 4- la monnaie et le protectionnisme chinois, 5- les firmes chinoises et le monde, 6- l’accentuation de l’étreinte chinoise sur le monde, 7- l’Europe dans la tourmente, 8- l’affrontement des États-Unis et de la Chine. L’épilogue donne un regard prospectif à l’horizon 2025 entre les principaux protagonistes des relations internationales : États et multinationales.

Catherine Bouchet-Orphelin, Asie21

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