Des avertissements américains discordants à la Chine

FAITS

Le secrétaire d’État américain, John Kerry, s’est rendu en Chine à la mi-février dans le cadre d’un voyage qui l’amenait aussi en Corée du Sud, en Indonésie et à Abu Dhabi. Le 14 février, il a rencontré son homologue Wang Yi 王毅 et le président Xi Jinping 習近平. Les entretiens ont porté sur les problèmes de la dénucléarisation de la Corée du Nord, de la mer de Chine du Sud et du réchauffement climatique.

À propos de la mer de Chine du Sud, les échanges se sont déroulés en langages convenus. L’Américain s’est cantonné dans une position réservée, à l’exception d’un avertissement un peu plus appuyé contre toute tentation chinoise de créer une zone d’identification de défense aérienne (Air defense identification zone/ADIZ) au-dessus du bassin, à l’instar de l’ADIZ instaurée en mer de Chine de l’Est au mois de novembre dernier (cf. Asie21 n°68). De son côté, Wang Yi a réitéré de manière ferme ce que les Chinois considèrent comme leurs droits à souveraineté sur la quasi-totalité de l’espace considéré (cf. encadré n°1, le florilège des argumentaires échangés).

Or quelques jours avant la visite de John Kerry, plusieurs voix de grands subordonnés nationaux américains se font entendre sur le sujet. Les unes, politiques, mettent clairement en cause la validité du tracé en neuf traits (cf. encadré n°2), par lequel la Chine entend délimiter l’espace qu’elle estime ressortir de sa souveraineté territoriale maritime*. Une autre est celle de l’amiral Jonathan Greenert, directeur des opérations navales. Le 15 février, à Manille, il atteste devant un auditoire naval que, en cas d’acte agressif chinois à l’égard des Philippines, les États-Unis leur apporteraient leur appui et ce, en application du traité de défense mutuelle de 1951. L’amiral n’a cependant pas précisé à partir de quelle limite franchie par les Chinois se ferait cette intervention, ni sous quelle forme.

ENJEUX

Hormis celui des droits de chaque État côtier de la mer de Chine du Sud à exploiter librement sa zone économique exclusive (ZEE), hormis ses éventuels droits à souveraineté sur tout ou partie des îles contestées entre chacun, les enjeux essentiels sont désormais …

Daniel H.C. Schaeffer, Asie21

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Voir aussi Asie21 n°31, 32, 42 à 45, 48, 50 à 54, 59, 61, 62, 64, 65, 67 à 70.